Lundi 22/10/18 – Ambiance western

Le matin, nous prenons la route pour Aoraki/Mont Cook, après un petit déjeuner conséquent et avoir dit au-revoir à nos hôtesses. Le premier arrêt se fait au bord de la Lindis River, où des panneaux nous expliquent l’histoire des premiers Maoris qui ont traversé la rivière vers la côte ouest à la recherche du jade, ainsi que celle des prospecteurs d’or au XIXe siècle. Nous grimpons ensuite dans des moyennes montagnes, qui offrent un second point de vue sur une lande battue par les vents, et nous nous arrêtons quelques temps au niveau de la Lindis Pass, pour admirer le paysage. Environnés par les collines désolées, barrées de l’unique route qui serpente entre elles et que nous venons d’emprunter, il nous semblerait presque que nous sommes seuls au monde. L’endroit est propice à la méditation… Bon, d’accord, il faut juste faire abstraction des autres touristes qui ont eu la même idée que nous et se sont arrêtés sur la même aire.

Le paysage désolé…

… et moi qui médite au milieu.

Puis, la route redescend dans une large plaine bordées de collines verdoyantes et traversée par une rivière paisible, autour de laquelle des arbres au vert tendre se sont installés. Nous croisons d’immenses cheptels de moutons dans les pâtures environnantes. Nous apercevons au loin de superbes falaises dentelées, que nous essayons de prendre en photo, persuadés de ne plus les recroiser, et nous entrons enfin dans la ville d’Omarama, où nous nous arrêtons pour prendre un café. Omarama étant la capitale du mérinos, j’y dégotte bien sûr un cadeau tout trouvé pour Marie-Hélène ! Nous flânons aussi dans une brocante qui propose des objets hétéroclites.

Nous repartons, en quête des « clay cliffs » qui sont suggérées par la feuille de route de Once upon a trip, notre agence de voyage. La feuille nous précisait qu’il fallait au préalable payer un droit d’entrée à Omarama, ce que nous n’avons pas fait, et nous pensons être refoulés avant d’arriver à destination. Mais, après avoir cheminé quelques temps sur une toute petite route, nous nous arrêtons finalement devant une barrière qui s’ouvre manuellement. À côté d’elle, une simple urne ornée d’un panonceau qui nous demande de s’acquitter des 5$ demandés par véhicule. En touristes bien élevés, nous nous exécutons avant de nous engager sur la piste poussiéreuse qui longe la montagne, en sens inverse de notre arrivée.

Nous finissons par atterrir… à l’endroit même que nous contemplions plus tôt sur la route, au pied de ces falaises dentelées qui nous intriguaient tant ! De près, l’effet est encore plus saisissant. Ces falaises nues, rocailleuses, forment une véritable anomalie dans le paysage verdoyant de la plaine et des collines alentours. On s’engage sur le chemin pédestre qui grimpe à leur pied jusqu’à un passage entre deux de ces gigantesques colonnes d’argile. Une fois que nous avons franchi ce seuil, l’ambiance change du tout au tout.

D’un côté, la plaine au milieu de laquelle coule la rivière…

… et de l’autre les falaises d’argile.

Nous ne voyons plus la plaine, la rivière ou les collines. Nous sommes au cœur d’un cirque désertique, fermé par les parois majestueuses des falaises. Une véritable cathédrale de pierre et d’argile, forgée par le temps… Avec le soleil qui tape au-dessus de nous et cette sensation de chaleur et de désolation qui émane de la roche, nous nous imaginons en plein désert de l’Ouest américain. On grimpe jusqu’en haut du cirque, mais la pente est de plus en plus forte et ma peur de glisser sur les pierres prend le dessus. Je m’arrête avant d’atteindre les parois du fond, entre lesquelles Richard parvient encore à se faufiler pour découvrir d’autres falaises.

Richard essaie d’atteindre l’autre côté…

En plus de ça, alors que nous étions seuls en arrivant, d’autres touristes commencent à affluer, ce qui casse un peu l’ambiance de fin du monde que j’aimais tant… On reprend la voiture en sens inverse, après avoir bien profité de cette petite excursion western. Aux alentours de treize heures, autre arrêt à Twizel, pour se restaurer au Poppies Café, où nous prenons des bagels au saumon fumé local, le saumon aoraki (provenant de l’élevage le plus en altitude au monde !), et un cheesecake en dessert.

Notre repas du midi, très bon !

Puis, après avoir repris de l’essence, je m’empare du volant pour la suite du voyage. Nous longeons le lac Pukaki à l’eau turquoise, dans lequel les montagnes enneigées se reflètent à la perfection. C’est étonnant, car alors que nous pensons aller au cœur des montagnes, nous n’avons que très peu la sensation de monter. C’est très différent des Alpes françaises, de ses routes étroites et de ses cols…

Le lac Pukaki, et derrière, le Mont Cook/Aoraki.

Après un arrêt (oui, encore, mais comme l’annoncent régulièrement les panneaux en bordure, les routes de Nouvelle-Zélande sont uniques au monde, et les arrêts sont indispensables !) pour admirer le lac, descendre jusqu’à son bord et goûter du bout des doigts son eau glaciale, on continue vers son extrémité, qui se mue en une plaine marécageuse. La chaîne des Alpes du sud nous fait face, se rapprochant de plus en plus. J’appréhende le moment où la route va s’engager dans les montagnes, car on va forcément commencer à grimper, non ? Je finis par m’arrêter sur une petite aire, afin de laisser le volant à Richard… sauf qu’en levant le nez, on s’aperçoit que Mount Cook Village, notre destination finale, est à peine à 500 mètres devant nous, au pied de la montagne ! La route s’y arrête d’ailleurs, sans monter plus. En Nouvelle-Zélande, contrairement à la France, le cœur des montagnes est vierge de routes et d’habitations humaines.

Nous voilà au pied de la montagne…

Face à nous, les glaciers scintillent au soleil. On s’enregistre à notre hôtel, le Mount Cook Lodge & Motel, un peu en dessous de l’Hermitage qui, bien qu’il soit très laid, est l’hôtel historique de Mount Cook Village, puis on monte un peu pour voir l’autre partie du village et trouver de quoi acheter quelques victuailles pour le lendemain. Malheureusement, la boutique ne propose quasiment rien. On se rabat sur des biscottes et des barres énergétiques, et j’achète aussi un petit guide sur les oiseaux, pour tenter de les reconnaître. Après ça, comme il n’est pas encore très tard, on s’engage dans une promenade qui contourne l’Hermitage, puis gravit le bas de la montagne jusqu’à un point de vue sympa sur l’Aoraki/Mont Cook (oui oui, c’est son nom complet : le nom maori d’abord, auquel on a accolé le nom donné par les colons occidentaux). Le soleil commence à disparaître derrière les montagnes quand on arrive en haut, et la température fraîchit. Cependant, la lumière rose/orangée qui se reflète sur les glaciers de l’Aoraki (pour faire court) est superbe. C’est très étrange, ce passage brutal de la plaine qui prolonge le lac, plate et nue, aux pointes acérées des sommets enneigés. L’Aoraki culmine tout de même à 3 724 mètres, et il nous paraît si proche, si accessible ! Au retour de balade, nous nous arrêtons à l’Hermitage pour boire une bière et admirer la vue (bien plus belle quand on est à l’intérieur de cette énorme construction qui défigure le paysage).

Sur la montagne en face, la lune semble s’être posée.

Retour à l’hôtel pour manger, mais on poireaute devant le restaurant sans trouver personne pour nous expliquer le fonctionnement ou nous installer… Au bout d’un long moment d’agacement, nous faisons demi-tour pour trouver un autre restaurant. Celui qu’on vise est malheureusement fermé, on revient donc à l’Hermitage, où nous sommes accueillis bien plus professionnellement ! Le dîner est un buffet à volonté, et même si ce n’est pas de la grande cuisine, on se régale ! Finalement, nous sommes repus quand nous reprenons le chemin de notre chambre. La journée de demain va être bien remplie, on se couche assez tôt encore une fois…

Et un petit lapin pour la route !


1 commentaire

Marielaine · 5 décembre 2018 à 15 h 08 min

Ils sont étonnants ces paysages. On doit se sentir tout petit parfois.Sinon du mérinos, aurais tu envie d’un petit pull-over ? 😀

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