Jour 11 – La guerre
30/09/2007
Nous quittons notre quatre étoiles à regret. Départ pour Hiroshima. Le voyage est beaucoup plus rapide que la veille : A Yokayama, on chope un Shinkansen direct pour Hiroshima. Arrivée aux environs de 10h. Nous filons à l’hôtel qui nous enregistre et propose de garder nos bagages.
Puis nous partons à la découverte de la ville, direction : le parc national pour la paix, en plein cœur d’Hiroshima. En premier, halte dans un petite restaurant pour y manger des soba. Puis, on repère tout de suite le dôme rescapé de la bombe atomique. C’est déjà très émouvant à voir, ce vestige d’un passé violent. C’est l’un des seuls restes de la vieille ville : un morceau de mur surplombé de la carcasse en ferraille du dôme. C’est au-dessus de celui-ci, ancienne chambre de l’industrie, que la bombe a explosé, le 6 août 1945.
On se dirige ensuite vers le musée, en passant par le parc où divers mémoriaux sont construits. Le musée commence doucement, avec l’histoire de la ville quelques détails sur la guerre et la décision américaine, puis devient de plus en plus intense. Dans une salle, des restes retrouvés dans les ruines sont disposés dans des vitrines. Sous chaque objet, reste de vêtement, boîte à bento carbonisée, mèche de cheveux, voire même restes d’ongles et de peaux, un nom, un âge (12 ans, 15 ans, 36 ans…), et ce que faisait la personne au moment où la bombe a explosé, la façon dont elle a réussi à survivre durant quelques heures ou quelques jours et la date de sa mort. Dans une vitrine, des mannequins de cire figurent même des rescapés à la peau sanguinolente, qui errent dans les ruines. C’est… frappant, il est difficile de ne pas sentir à cet instant une haine de toute forme de guerre. Mais il est également difficile de savoir contre qui diriger sa haine. Albert Einstein et les savants qui ont conçu la bombe ? Le gouvernement américain qui a dépensé des fortunes pour sa conception et a opté pour cette solution notamment pour justifier l’argent dépensé ? Ou contre l’aviateur qui a lâché la bombe et s’est contenté, alors que des milliers de personnes mourraient derrière lui, de faire tranquillement son rapport de mission ?
Les explications sur les effets radioactifs qui ont suivi durant des décennies sont tout aussi difficiles à supporter : images de cancers, langue purulente conservée dans du formol… Enfin, ça se termine sur une note plus positive : l’histoire de la petite Sadako, morte de leucémie à l’âge de 10 ans, mais qui durant son séjour à l’hôpital s’est mise à fabriquer mille grues de papier pour que son rêve d’espoir et de survie se réalise. Après sa mort, ses camarades de classe l’ont relayée, et aujourd’hui encore des milliers de grues sont déposées autour des différents mémoriaux.
N’empêche que c’est un musée qui plombe le moral. Durant toute la visite, je ne cesse de penser au film Le Tombeau des Lucioles. Voir pour de vrai ces petits costumes, ces objets usuels qui parsèment le film donne vraiment un coup au cœur. Il va aussi falloir que je me mette à la lecture de Gen d’Hiroshima.
Ensuite, on se dirige vers le château d’Hiroshima, reconstruit après la guerre. Dedans, un musée expose quelques antiquités et montre un peu la vie du Japon des siècles passés : costumes de samouraï, katanas et armes d’époque, mobilier et vaisselle… Ça change du musée sur la bombe, et ça a un côté plus impersonnel, on se sent moins impliqués. A la sortie, nous nous détendons dans le parc du château avant de regagner l’hôtel. Nous sommes crevés. Journée éprouvante !
Nous décidons de manger dans le restaurant de l’hôtel, car le quartier n’a pas beaucoup de restos, et nous n’avons pas envie de marcher. Au menu : sashimi, soupe, riz parsemé de fritures, huîtres frites (la spécialité locale), et une sorte d’omelette avec du chou, des pâtes et de la viande (un okonomiyaki ?). Pour la première fois, nous mangeons des fruits frais en dessert.
Jour 12 – Sur l’île
01/10/2007
départ le matin pour l’île de Miyajima, en face de la province d’Hiroshima. On prend un train local, puis le bateau JR qui met 10 min à traverser la baie, et on débarque vers 10h. Arrêt au ryokan où nous dormons cette nuit pour déposer les bagages et s’enregistrer, et nous partons à la découverte de l’île. Nous passons d’abord par le fameux sanctuaire d’Itsukushima, avec son tori au milieu de l’eau. C’est un grand sanctuaire shinto. Nous tombons en plein pendant un office dans le temple principal, et croisons des prêtres et des prêtresses. Ça me donne envie de connaître un peu la religion shinto. Quel rôle ont les prêtresses ? Sont-elles importantes ? Dans le bouddhisme, il n’y a que des hommes, alors ça m’intrigue.
On poursuit notre balade vers un temple bouddhiste, où des centaines de statues de bouddha sont disposées, puis nous longeons la ville par le haut, via un sentier qui n’est que très peu emprunté.
Nous redescendons vers les boutiques. Il fait de plus en plus beau et chaud. On s’arrête pour déguster la spécialité locale : pour moi, huîtres frites au curry, pour Riri, huîtres chaudes avec riz et légume. Puis, direction le téléphérique, pour monter au sommet de l’île. Nous passons par le jardin de Momijidani, où de nombreux cerfs viennent nous voir, avant d’emprunter le téléphérique qui nous emmène au-dessus de la forêt. En haut, nous constatons qu’une des routes pour redescendre est fermée à cause de coulées de boues provoquées par le dernier typhon.
Depuis le téléphérique, il y a encore un petit bout de route jusqu’au sommet, à 530 m au dessus du niveau de la mer. Nous sommes déçus : nous pensions voir des singes, mais ils se cachent, peut-être à cause de la chaleur ? Nous montons jusqu’en haut, sous un soleil écrasant. Les coins d’ombre sont les bienvenus. Après une petite halte panoramique où on fait coucou à des cerfs, nous redescendons par le parcours d’Ohmoto.
Nous passons par des temples et sanctuaires parfois cachés dans la roche. Petite remontée pour contempler un rocher doté d’un trou duquel de l’eau de mer jaillit à marée haute. On regarde à l’intérieur, il y a effectivement de l’eau, mais on ne la goûte pas pour savoir si elle est salée ou non.
On redescend, on remonte… pour aller sur le troisième mont de Komajabayashi. Il n’y a plus aucun touriste, ils sont tous du côté du téléphérique. Au sommet, sur les pierres qui dominent le paysage, un Japonais médite, avec une petite radio et un appareil photo à ses côtés. La descente est calme, dans la forêt, avec de nombreuses marches en pierre. Nous longeons parfois des précipices. On fait encore attention aux araignées qui barrent le chemin de leur toiles gigantesques. Afin, après pas mal de marche, on revient à la civilisation.
Petit détour par les boutiques pour acheter quelques souvenirs (dont un sac pour les entreposer), et des petits gâteaux, spécialité locale. Nous rentrons au ryokan pour découvrir notre chambre, traditionnelle. Nous descendons pour les bains publics, où nous mijotons pendant une bonne demi-heure. Après ça, nous nous détendons en yukata dans notre chambre. Une femme de service vient nous apporter notre repas, faramineux. Au menu : légumes et sashimi, bouillon de poisson, puis des fines tranches de bœuf et de légumes cuits dans du lait de soja et trempés dans une sauce, des tempura de poisson, du riz aromatisé aux champignons, une huître chaude, un fruit coupé en morceaux et nappé de sauce salée, une espèce de plat bizarre qui ressemble à la cervelle de singe d’Indiana Jones et le Temple Maudit, qu’on n’arrive pas à manger. Enfin, soupe miso et dessert composé d’une coupelle de crème surmontée de fruits et d’une glace au citron vert. C’est délicieux et très copieux ! A 21h, les futons sont installés pour dormir.*
Jour 13 – Osaka
02/10/2007
Avant dernier jour de vacances, et dernière journée complète au Japon. Le matin, nous petit déjeunons au ryokan : assortiment de légumes, champignons, omelettes et galettes, tempura, riz. Pour le matin, ça fait beaucoup ! Mon estomac refuse certains mets, comme le natto, le tofu, ou encore ces champignons très forts et très salés. A la fin du petit déj, nous nous réconfortons avec un bête yaourt aux poires, doux et sucré.
Nous partons de l’île. L’un des employés se propose de nous amener au ferry en voiture. Ya pas à dire, c’est le grand luxe ! Nous prenons le train jusque Hiroshima, puis le shinkansen (un « bec de canard » !) jusque Himeji, où subsiste l’un des plus beaux châteaux du Japon.
Effectivement, il est magnifique à l’extérieur, et très grand, mais l’intérieur m’impressionne moins que le château de Kyoto. Sans doute parce qu’il est vide. Nous visitons un jardin à côté, sympa mais pas exceptionnel. Dans un pavillon une cérémonie du thé est en train de se dérouler.
Nous achetons quelques vivres dans un konbini : une saucisse, une brochette, quelques nouilles et un petit pain fourré à la viande, le tout pour environ 500 Yen. Puis, retour au train. Nous prenons le rapide qui nous amène à Osaka, environ une heure plus tard. Il est 16h. A Osaka, nous découvrons notre hôtel, qui paraît très classe d’extérieur, mais dont les chambres sont classiques. La balade autour de la gare est assez décevante (ce sont surtout des grands magasins). Dans l’un de ces magasins (un « loft », comme le premier où nous avions trouvé plein de trésors à Tokyo), je m’achète un plume de calligraphie, au cas où je me décide à prendre des cours (spoiler : non.), et dans la librairie je tombe sur le manga qui a inspiré le film Si tu tends l’oreille. Je décide de l’acheter, même s’il est tout en japonais. On prend aussi un roman, pour le fun (on ne comprend même pas le titre) et parce que les kanjis sont très esthétiques.
Retour à l’hôtel. Nous passons par une boutique spécialisée en produits dérivés Ghiblies. Je reste fascinée devant tout ce qui se fait, mais il y a une majorité de Totoro et de Kiki. Après une courte pause, direction un resto. Nous choisissons un restaurant de yakitori indiqué dans le Lonely, mais finissons dans celui d’en face, où il y a plus de place. Nous mangeons la spécialité, des brochettes panées qu’on trempe nous même dans l’huile bouillante. Les serveuses, très gentilles, nous expliquent tout. Nous faisons aussi tremper une sorte de languette séchée qui, une fois trempée dans l’huile, se transforme en… beignet de crevette ! C’est très bon et copieux. En dessert, nous avons le droit à une glace au citron avec du miel.
Retour à l’hôtel pour notre nuit au Japon.
Jour 14 – Retour en France
03/10/2007
Ca y est, on s’envole du Japon. De l’hôtel, nous prenons une navette qui nous emmène directement au Kansai Airport. Pas de souci pour récupérer nos billets à l’embarquement. Dans l’espace Duty free, nous achetons encore un tas de bêtises (dont un yukata pour moi). Cette fois-ci, le vol est chez Air France, et les hôtesses sont françaises. Le départ est avancé à 11h40. Dans l’avions, je m’enchaîne films sur films et écoute un peu de musique. Après deux repas, nous atterrissons à 17h03 heure locale, soit minuit trois pour nous. Ensuite, après le passage de la douane et avoir récupéré nos bagages, il y a encore une petite heure de RER, puis le train de 19h30 nous ramène au Havre vers 22h (en comptant le retard inhérent à la ligne Paris-Le Havre). Sur les trois moyens de transport pris en France, deux ont été en retard, et les trois ont eu un souci technique. Sur tous les transports pris au Japon, aucun n’a jamais connu de problèmes similaires. Je veux retourner au Japon !
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