18h28 – /
(écoute la BO de « Beck »)
La dernière fois que je suis allée chez mes parents, j’ai fouillé un peu dans ce qui nous sert de grenier, pour retrouver mes cours de DEUG et de Licence (ben oui, j’ai une élève à faire réviser, maintenant…). J’y ai trouvé quelques écrits manuscrits que j’avais complétement oublié. J’en ai aujourd’hui tapé deux, sans les retoucher. Le premier doit provenir d’un exercice d’atelier d’écriture, sûrement l’un de mes premiers. Il devrait dater de 2000/2001, dans ces eaux-là. Le deuxième, je serais incapable de le dater. C’est très certainement de l’écriture semi-automatique, et encore plus certainement très vieux, puisque je n’en ai aucun souvenir. Je vous les livre tous les deux ci-dessous :
Katell
Les gens de la ville l’appelaient Katell.
Elle était petite, un peu maigre. Un cou de cygne, de longs cheveux fins, qu’elle s’efforçait de retenir dans une résille qui lui couvrait la moitié du crâne. Sans doute avait-elle été belle dans sa jeunesse, mais l’âge avait creusé ses traits et raidit son allure. Un corset sombre enserrait sa maigre poitrine tandis que ses jambes se perdaient sous des volutes de soieries. Son pas était si léger que nul ne l’entendait venir ; et elle pouvait rester plusieurs heures dans une pièce sans que l’on remarquât sa présence, emmitouflée dans un grand châle noir, petite souris aux grands yeux gris.
Sa maison était plutôt haute, emplie d’escaliers, et l’on se demandait comment cette petite femme grise pouvait l’occuper en entier ; pourtant chaque pièce, chaque couloir, du rez-de-chaussée jusqu’au grenier, était astiqué consciencieusement une fois par semaine, et la maison déjà ancienne semblait aussi neuve qu’au premier jour. C’était une maison du centre-ville, coincée entre les autres, dont la façade donnait sur une petite ruelle commerçante. Les poutres apparentes, désordonnées, lui donnaient un petit air bancal tout à fait charmant, et l’arrière était constitué d’un jardinet que la vieille dame entretenait régulièrement. Elle vivait seule en cet endroit, entourée d’un grand nombre de chats qui occupaient chaque pièce ; et le calme et la tranquillité y régnait toute l’année.
J’avais huit ans lorsque je la vis pour la première fois.
Les gens de la ville l’appelaient Katell, mais moi je l’appelais Kitty.
Sans titre
Deux étoiles parlent entre elles :
– Homme, pourquoi tournes-tu tes yeux vers nous comme un poète aux mains fatiguées et à l’esprit confus ? Nous regardons ta peine et écoutons tes prières. Laisse la vie s’écouler en toi et autour de toi ; rien n’est plus doux que l’espoir…
– Homme, tu n’es pas mortel par ta nature mais par ta volonté ; laisse-toi guider par ton instinct et regarde…
J’ai vu. Comment décrire cela ? J’ai écouté les étoiles, j’ai regardé le ciel et j’ai vu la beauté du monde. Je ne comprends pas, je ne comprends pas.
Deux yeux qui m’observaient, deux yeux dans le noir, deux yeux d’émeraude aux reflets de jade qui me contemplaient du haut de la beauté. Je n’ai pas su me laisser pénétrer de la jouissance d’un instant volé, instant magique où les secondes planent dans l’air comme des papillons – elfes ?
Dans la prairie rien ne bougeait – tout était paix. Hautes herbes mouvantes, ombres furtives de l’autrefois esquissé… M’avez-vous vu ? Celui Qui Dort en ces lieux a le sommeil pesant et le souffle lâche.
Des êtres se meuvent entre les fleurs pâles et étoilées du Jardin de l’infini. Venez à moi ; au creux de ma main, sécurité.
L’infini des limbes se perd dans les méandres du péché.
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