Dimanche 19 juillet 2015
Jour 1 : en route pour Rovaniemi !
Avion prévu à 15h20, on part du Havre avec le train de 8h. Pas d’anicroches jusque Roissy, ni train, ni RER en retard ou en grève, c’est déjà ça. Du coup, à Roissy, on poireaute un peu, mais pas tant que ça. On part d’un tout petit terminal, où on ne trouve pas grand-chose à manger.
Le vol se déroule bien, arrivée à Helsinki vers 19h30 heure locale. Notre correspondance pour Rovaniemi est prévue à 20h25. Comme on n’a pas très faim, dans l’aéroport d’Helsinki on achète des sandwichs à manger plus tard. Mais l’enregistrement prend du retard : selon Richard qui a vaguement réussi à comprendre l’hôtesse, ce serait un problème de surbooking. Certains acceptent de prendre l’avion du lendemain.
Finalement, on monte dans l’appareil. Le pilote se met sur le départ… puis se gare à nouveau en annonçant un retard indéterminé. On commence un peu à stresser. Enfin, on décolle, avec une demi-heure de retard ! Tout se passe bien jusqu’à Rovaniemi, où on arrive vers 22h30. L’aéroport est à l’image de la ville : kitch, avec sa déco autour du père Noël ! Là, encore un coup de stress pour trouver nos bagages, mais tout va bien, ils nous ont suivis ! Même le gars d’Avis nous a attendus, et nous prenons notre voiture de location comme prévu.
La pression monte : notre capital lose est d’habitude très élevé, où va-t-on l’éprouver ? Pour rappel, au Japon, le premier jour, nous avions tourné ¾ d’heure dans un quartier de Tokyo pour trouver notre hôtel situé JUSTE à côté de la gare.
Mais non, nous trouvons cette fois-ci l’hôtel assez facilement. Il y a un beau soleil à Rovaniemi, des gens pique-niquent au bord du fleuve. Il est quelle heure déjà ? Ah oui, presque 23h, normal. Alors que nous allons garer la voiture dans le parking de l’hôtel, des gens nous interpellent, joyeux. Quand on leur explique qu’on est Français, ils s’extasient, nous souhaitent bon voyage et nous proposent même leurs restes du pique-nique, au cas où. Sympas les Finlandais !
Nous mangerons nos sandwichs dans la chambre d’hôtel, super classe, avec des lits moelleux et larges à souhait. Puis, dodo, la journée a été longue !
Lundi 20 juillet 2015
Jour 2 : En passant par Kittilä
Le réveil est tôt (8h15, soit 7h15 heure française), et la nuit fut courte, mais reposante. On descend pour un petit déjeuner royal. Au menu, accompagné de thé Earl Grey, du bacon grillé, de l’omelette, des saucisses, des croquettes de riz, du porridge (pour moi), du hareng mariné (pour Richard), des pancakes à la marmelade, du yaourt avec des fruits rouges (pour moi)… autant dire qu’on n’a plus faim en sortant !
Départ de l’hôtel vers 9h30. Là, arrive enfin la première lose : Richard, qui n’a pas encore en main notre voiture de location (une Golf), n’arrive plus à enlever le frein à main automatique, et ce à la sortie du parking de l’hôtel. Heureusement, deux employés viennent à notre secours, j’ai la lumineuse idée de regarder dans le mode d’emploi planqué dans la boîte à gants (malheureusement tout en finnois), et l’un des employés, avec l’aide du mode d’emploi, arrive à nous dépanner. On sort enfin du parking, ouf !
On peut enfin partir à la découverte des routes finlandaises…
On traverse le cercle arctique sans vraiment penser à s’y arrêter, et on fait de nombreux kilomètres en longeant une rivière. Direction, Kittilä ! On finit par s’arrêter à un petit parking d’où un escalier descend jusqu’à la rivière. C’est l’occasion de prendre les premières photos, mais le temps n’est plus aussi beau : il commence même à pleuvoir quelques gouttes. Zut.
On fait un autre détour pour voir le village de Kaukonen, qu’on ne fait que traverser sur des routes gravillonnées. Tout le long, on s’extasie devant les maisons en bois rouges, beiges ou grises, les arrêts de bus en bois rouge, les saunas qu’on voit dans quasiment tous les jardins. Le tout perdu au milieu des arbres fins et élancés de la taïga.
Enfin, vers midi et demi, on arrive à Kittilä, qui est une relativement grande bourgade : il y a des boutiques de part et d’autre de la route. On décide de suivre le conseil du routard et de manger dans un petit salon de thé qui propose des repas. Là, on mange notre première viande de renne fumé, dans des sandwichs chauds très savoureux. Au dessert, on se donne un défi : aller commander des cafés, auprès de la serveuse, avec les quelques mots finnois qu’on connaît. On tire à la courte paille pour savoir qui s’y colle : c’est moi. Je demande donc piteusement à la serveuse « kiska kahvi, kiitos », qu’elle finit par comprendre en disant : « ah, two kahvis ! » et en me montrant la cafetière. Premier essai, pas très concluant… Autre particularité de ce lieu : la chanson finlandaise entêtante qui passait en boucle… Oui, originale, comme ambiance !
Ensuite, on entre dans un supermarché en face pour acheter quelques denrées : de l’eau (qu’on n’est bien incapable de reconnaître entre la plate et la pétillante), des petits gâteaux, des fruits secs. Puis on s’arme pour aller faire une balade l’après-midi : k-way et chaussures de marche. Le départ de la balade est un peu plus loin en voiture, à la fin d’une petite route de terre pas facilement praticable. Ce sera souvent comme ça, j’en ai peur !
Après un tour dans une hutte lapone plantée au bord de la route et prévue pour se réchauffer autour d’un feu de bois et faire des grillades (il y en a un peu partout au départ et pendant les randonnées), on se décide pour une « petite » balade de 6 kilomètres. À peine quelques mètres passés, on fait connaissance avec les principaux habitants de la Finlande, le « räkkä » : l’invasion de moustiques, taon, midges et autres insectes suceurs de sang ! Ni une ni deux, je sors le répulsif « pour zone infestée » de mon sac et on se badigeonne. Malgré le produit, qui semble efficace (on finit même par s’en mettre sur les cheveux parce que les moustiques s’y accumulent), le bourdonnement incessant autour de nous est assez agaçant.
D’abord, nous avançons dans la forêt boréale, au sol mi-rocailleux, mi-marécageux couvert de mousse et de lichen. Puis, au premier croisement, nous ne savons déjà plus quelle route prendre, et nous nous décidons pour suivre un panneau qui indique un point de vue à 3 kilomètres. On avance, et on commence petit à petit à grimper. Le beau chemin de sable se mue en petit sentier qui navigue entre les pierres et les racines. On monte… on monte de plus en plus… Les moustiques sont toujours aussi envahissants. Le temps est maussade, quelques gouttes tombent, mais ça reste supportable. Il y a un vent frisquet, mais la grimpette nous tient chaud.
Puis, l’espace se dégage peu à peu, la forêt devient de plus en plus clairsemée. On ne rencontre plus de ruisseaux (nombreux auparavant), mais de plus en plus de rochers couverts de lichen. Enfin, les moustiques se font de plus en plus rares, jusqu’à disparaître totalement ! Le chemin est de plus en plus raide, et de plus en plus caillouteux. Bientôt, on voit apparaître un poteau de bois surmonté d’une croix, puis un deuxième, puis un autre… Les poteaux semblent là pour indiquer le sentier, qui se perd entre les rochers.
Autour de nous, le paysage est superbe : à la place de la forêt, une toundra rocailleuse recouverte de mousse et de lichen avec ici et là des arbustes torturés qui s’accrochent à la montagne. Le vent souffle plus fort, le calme est partout. On persévère (on veut le voir, notre point de vue !), jusqu’à un plateau désolé, couvert de pierriers : le paysage est lunaire, à cet endroit. Les seuls bruits sont ceux du vent et d’un petit oiseau qui persiste à lancer son trille d’un rocher à l’autre. Il nous semble déjà qu’on marche depuis des heures… les 3 kilomètres du point de vue nous semblent être une bonne blague !
Mais, têtus que nous sommes, nous persévérons, et suivons scrupuleusement les poteaux de bois, même ceux qui nous mènent dans des rochers périlleux, glissants et étroits. Arrivés au sommet, la vue vaut les efforts : autour de nous, se dévoile le paysage en contrebas, de vastes forêts qui ne sont gâchées par aucune trace de civilisations. Malheureusement, les sommets voisins sont masqués par les nuages. Mais ça y est, nous avons grimpé notre premier « tunturi » (les montagnes arrondies typiques de Laponie) !
Nous redescendons, et croisons au passage un gros oiseau (une espèce de grosse poule, selon Richard) qui s’enfuit sur notre passage. Peut-être une gélinotte des bois, ou un lagopède alpin ? Revenus à la voiture, nous aurons finalement fait une balade de 3 heures !
Il est près de 18h quand nous rejoignons notre hôtel à Sirkka, la plus grande station de ski de Laponie. Là, le temps n’est plus maussade, il est affreux : un crachin s’est mis à tomber et les nuages sont tellement bas qu’ils masquent toute la vue. Nous filons dans notre chambre prendre une bonne douche puis partons en quête d’un restaurant : malheureusement, un lundi soir, pas grand-chose n’est ouvert. Alors qu’on pensait se rabattre sur le restaurant de l’hôtel, une enseigne attire mon attention : le Renna Ristorente, un petit restaurant qui fait quelques spécialités italiennes, à la sauce finlandaise ! J’opte pour une bolognèse au renne fumé, et Richard pour un risotto au saumon fumé. Et en dessert, glace aux fruits et bois et chocolat menthe !
Et, sur cette première journée, nous allons nous coucher…
NB : j’ai oublié de parler des myrtilles, qui recouvrent les forêts et une bonne partie de la lande. Malheureusement, à cette époque, elles sont encore vertes. Malheureusement pour moi, mais heureusement pour Richard, car sinon, notre randonnée de 3h aurait duré 6h…
Mardi 21 juillet 2015
Jour 3 : Äkas par ci, Äkas par là
Nous nous levons sous un temps nuageux, mais moins pluvieux qu’hier. Nous profitons du même petit déjeuner (nous sommes dans la même chaîne d’hôtels, Sokos Hôtel), puis décidons de visiter un peu le village de Sirkka, qui ressemble beaucoup à une petite station de ski des Alpes : des chalets, avec des appartements à l’étage et au rez-de-chaussée, des boutiques de ski, de vêtements, de souvenirs… Il y a même un Intersport !
Juste en face, le bas des pistes. Des remonte-pentes, un gros télésiège, des œufs juste à côté, des canons à neige… et au milieu, au lieu de la neige, une prairie pentue et herbue, couverte de fleurs jaunes. On décide de voir le Levistunturi, la montagne qui est devant nous, mais… en voiture. Au milieu des remonte-pentes, la rando n’est pas vraiment tentante. On fait un long détour pour se retrouver pile-poil au niveau du haut du télésiège, surplombant la ville.
Là-haut, un lièvre avec de longues pattes blanches semble nous attendre. Après l’avoir contemplé (et mitraillé), on lui tourne le dos pour admirer la vue sur la ville. Quand on revient, monsieur Lièvre est toujours là, à l’entrée de la forêt, il semble nous attendre… Mais non, non, on ne le suivra pas dans les Royaumes Enchantés : pas envie de revenir pour me rendre compte que 100 ans ont passé, moi !
On déambule entre les arrivées de téléski, les indications de pistes, les départs de télésiège. C’est assez déconcertant en été, au milieu de la végétation florissante ! Puis on redescend pour partir en expédition un peu plus loin, dans le « Pallas-Ylästunturi kansallispuisto » (le parc national de Pallas-Ylästunturi), vers Äkaslompolo, Äkäsjöki et Äkäsmylly… oui, plein de Äkäs-quelque chose ! Sur le chemin, on croise toute une famille de gélinottes, sur le bord de la route.
On s’arrête d’abord au départ d’une petite balade à la découverte des origines volcaniques des roches locales. On traverse un marais, sur des planches. Des cris d’oiseaux se font entendre un peu partout. Bizarrement, les moustiques sont moins virulents que la veille, mais il fait 9°C, ceci explique peut-être cela. La promenade continue en forêt, où de beaux entassements de roches affleurent de la terre, et revient sur la route où nous attend notre fidèle Golf rouge.
Après cette petite balade apéritive, on décide de se mettre en quête d’un endroit pour manger. On a de bons espoirs à Äkäslompolo, qui est une petite station de ski, mais comme on a déjà pu le remarquer, le concept d’une ville (ou d’un village) n’est pas le même en Finlande que par chez nous. Il y a bien des commerces épars de part et d’autre de la route, mais rien qui semble ouvert. Pourtant, un immense troll de terre et de bois nous avait accueillis à l’entrée.
On se rabat sur la petite cafeteria d’un centre commercial, qui propose un menu à moins de 10€ : une soupe qu’on se verse nous même, aux légumes et lardons (de renne ?), et une pâtisserie (pain à la banane pour moi, sorte de galette pour Richard) en dessert. En prime, les cafés sont offerts. La soupe fait du bien par ce temps gris et surtout froid.
Ensuite, nous partons en quête du Äkäsmylly, un vieux moulin au bord de l’Äkäsjöki (une rivière). Là-bas, c’est déjà plus touristique que là où on était la veille. Le moulin est très joli, il surplombe une petite chute d’eau. Des gens se sont arrêtés pour manger et ont fait un petit feu dans le foyer de pierre prévu pour cela. Un pêcheur a laissé sa canne à pêche au pied du moulin.
On s’éloigne un peu pour poursuivre le chemin dans la forêt. Celle-ci est différente de celle de la veille : c’est une forêt de pins, très clairsemée. Beaucoup d’arbres sont morts ou tombés. Les branches sont toutes biscornues, et ploient vers le bas. On sent ici l’atmosphère rude qui règne l’hiver. Je m’imagine sans peine la neige scintillante, immaculée, qui s’étend sur la forêt et pèse sur les branches, le vent qui les dénude… On marche pendant ¾ d’heure, capturant au passage (avec l’appareil photo) un petit oiseau coloré. Puis, on fait demi-tour : pas de boucle ni de croisement ici, le chemin peut nous emmener bien loin…
Au retour, on fait un crochet par un chaos de pierres qui borde un marais verdoyant. En coupant par la forêt, passage par un drôle de rond de sorcières formé par des pierres… Enfin, de retour au moulin, on décide de prendre de quoi lire et on s’installe à proximité. Mais il fait vraiment, vraiment froid ! Retour à l’hôtel vers 18h pour une bonne douche… Le soir, on retourne au Renna Ristaurante, cette fois-ci pour prendre des pizzas : au renne fumé, fromage lapon et airelles pour moi, au melon, poulet et bleu pour Richard. Et en dessert, un tiramisu aux airelles !
Mercredi 22 juillet 2015
Jour 4 : Des rennes, des rennes et encore des rennes.
On part de Sirkka pour descendre vers la frontière suédoise, à Kolari. Alors que Richard se désole de n’avoir encore vu aucun renne et qu’on se demande si on en verra un jour, on en voit subitement un sur le bord de la route, peu fréquentée. On s’arrête en catastrophe, on se gare dans un renfoncement et on revient vite sur nos pas pour le photographier en long, en large et en travers. Il y en a même toute une petite troupe de différentes couleurs (du blanc au brun presque noir) qui broutent entre les sapins, à quelques mètres de la route.
Enfin, contents, on repart. Petite pause dans un K-market pour acheter de quoi manger le midi, et dans une cafétéria pour un café et une pause pipi. Puis on arrive à la frontière, délimitée par une rivière enjambée d’un pont. Nous traversons, faisons quelques pas en Suède et revenons. Ça, c’est fait.
Puis, nous prenons la route qui longe la frontière vers le nord. Soudain, la voiture devant nous ralentit brusquement : un renne marche tranquillement en plein milieu de la route ! Il ne semble nullement incommodé par les voitures qui passent de part et d’autre de lui. Nous n’avons pas le temps de le prendre en photo, mais ce n’est pas très grave, car quelques kilomètres plus loin, un autre renne broute en bord de route. Cette fois-ci, j’ai l’appareil à portée, et je tente de le prendre, vitre baissée. Comme la route est passante, on ne peut pas s’arrêter.
On s’engage sur une piste de terre, qui doit mener à une gorge encaissée qu’on a très envie de voir. Sur dix kilomètres, le chemin est pénible : la piste est couverte de cailloux, de nids de poule. On se dit qu’il ne va y avoir personne là où on se rend… et on déchante une fois arrivés à destination. Une dizaine de voitures est garée devant des huttes lapones investies par des familles venues pique-niquer. Courageux les Finlandais !
On suit le sentier pour aller voir la gorge, impressionnante, surnommée « l’enfer de la Laponie ». C’est un site sacré chez les Sâmes (le peuple lapon), que les chamanes utilisaient pour les sacrifices. Le sentier continue le long de la gorge et descend jusqu’au lac en contrebas. Sur le chemin, on tombe sur des… ossements de renne, soigneusement disposés sur un tronc. Les arbres torturés donnent une atmosphère très mystique. Plus loin, un oiseau a été massacré, sans doute par un petit animal, et plus loin encore, un amas de pierres semble disposé comme s’il s’agissait des ruines d’une vieille maison de sorcière…
On finit par déboucher sur le lac, joli, mais envahi de moustique. Marche arrière pour remonter : cette fois-ci, entre les arbres, on dérange un énorme oiseau noir qui décolle devant nous. Peut-être un grand corbeau, vu la taille. On revient, malgré toutes ces émotions, sans dommage à la voiture, après un pique-nique très rapide au milieu des moustiques.
On décide de continuer la piste qui est censée nous raccourcir la route vers le nord. Cependant, entre toutes les intersections, difficile d’être certain de la direction à prendre… Soudain, on voit un renne tranquillement installé dans les hautes herbes au bord de la piste, en train de somnoler. Ni une ni deux, Richard s’arrête, recule la voiture de quelques mètres et on sort pour l’observer. Le renne se lève et commence à déambuler tranquillement au milieu de la route, devant la voiture. Zut. On remonte dans celle-ci et on le suit pendant quelque temps au ralenti. Il ne semble pas du tout s’inquiéter de nous, et quand on fait un écart pour tenter de le dépasser, il fait le mouvement inverse de celui qu’on espérait. Le Routard nous a pourtant avertis : en Finlande, les rennes sont stupides. Ou suicidaires. Ou les deux. Enfin, il daigne s’écarter et on le double. Décidément, on en aura soupé, des rennes ! On finit par retrouver la route principale.
Direction le Pallastunturi, en plein cœur du parc Pallas-Yllästunturi, après un arrêt à Muonio pour contempler une petite église typique. On arrive à notre hôtel, le Lapland Pallas, perdu au cœur de la montagne. Le plus vieil hôtel de Laponie, construit en 1938, détruit durant la guerre et reconstruit en 1953 (je crois).
Là, comme il n’est que 16h et que le cadre est magnifique, après avoir pris notre chambre on décide d’aller faire une balade dans les tunturi aux alentours. On grimpe jusqu’à un col, à 773 m d’altitude. Là-haut, le paysage est sublime. Sur notre gauche, le tunturi sur lequel a été allumée la flamme olympique au début des jeux d’Helsinki. On pourrait continuer longtemps comme ça, mais on fait demi-tour pour redescendre dans la petite vallée haute où court un torrent. En face, devinez quoi ? Gagné, des rennes ! Quelques photos supplémentaires… Dans les ruines de l’ancien hôtel, un grand renne aux fiers bois broute placidement les fleurs jaunes.
Enfin, retour à l’hôtel, après deux bonnes heures de balades. Le soir, on mange au resto de l’hôtel, pas trop le choix. Il y a foule, et l’attente est interminable. On choisit de manger… eh oui, du renne ! En ragoût cette fois-ci.
Verra-t-on à nouveau des rennes demain ? Le suspens est à son comble…
Jeudi 23 juillet 2015
Jour 5 : En route vers le nord !
Après un petit-déj tout aussi nourrissant (avec quelques variantes : je goûte cette fois-ci aux marinades de poisson et à une friture pas mauvaise du tout, et à une gaufre qu’on peut se faire soi-même.) On sort sous le soleil. Malgré tout, il fait encore froid : à peine 12°C. On décide de ne pas s’attarder malgré la beauté du paysage : on a de la route à faire aujourd’hui. Des rennes, encore eux, sont en train de brouter près de l’hôtel.
En route vers Inari ! Avec une première lose : on prend à gauche au lieu de prendre à droite au premier croisement. Pas grave, ça nous aura permis d’admirer le beau lac au pied du Pallastunturi. On retourne jusque Sirkka pour tourner à la première direction « Inari » qu’on voit. Au début, tout va bien, la route est belle… Puis ça se gâte : la route n’a plus de revêtement… et il reste plus de 100km à faire sur celle-ci !
On persévère malgré tout. Des rennes sur les côtés et au milieu de la route, normal… On croise de temps à autre une autre voiture ou un camping-car, mais c’est tout. On regrette de ne pas avoir pris l’autre route pour Inari, qui démarrait une trentaine de kilomètres plus bas, à Kittilä… Mais alors qu’on devrait arriver au croisement entre les deux routes, on ne voit que des pistes de terre. Euuuh… ok. Finalement, cette route n’est pas si mal…
Richard commence à s’inquiéter de l’essence. Après ça, on doit longer pendant longtemps un vaste parc national sans aucune ville. Le GPS n’indique pas de stations-services à moins de 60 kilomètres. On se résout à faire demi-tour pour retrouver un petit café en bord de route, perdu au milieu de nulle part, qui dispose d’une pompe à essence. C’est plus cher qu’en station-service, mais le gars est sympa, il nous fait le plein et discute un peu avec nous.
Une fois ce stress passé, on continue notre route : ça y est, celle-ci est enfin goudronnée ! On file jusqu’à l’entrée du parc national de Lemmenjoki, le plus grand de Laponie. Là, on aurait bien aimé aller jusqu’à des chutes d’eau qui ont l’air chouettes, mais la route s’arrête, et il reste plus de 15 kilomètres à faire avant d’y être ! On commence malgré tout la randonnée, au milieu de la forêt. Ici, il y a déjà plus de monde, et beaucoup d’étrangers. On croise des Français, des Italiens, et sans doute aussi des Allemands ou des Néerlandais… Heureusement, plus on marche, et plus ça se dépeuple. On décide de pique-niquer un peu plus loin dans la forêt, avec nos restes de pique-nique de la veille. Il y a moins de moustiques, on s’attarde un peu plus, mais pas beaucoup, parce que les quelques moustiques déjà présents rameutent vite tous leurs copains.
La promenade est chouette, mais difficile : le chemin suit une crête entre les arbres. Il est jonché de pierres et de racines. Sans compter les crottes de renne, et les trous qui, d’après un panneau explicatif, servaient aux Sames du XIXe siècle de capturer les rennes sauvages.
D’ailleurs, il y a beaucoup de panneaux qui expliquent plein de choses sur la géologie du parc et les traditions sames. Au bout d’une bonne heure, on décide de rebrousser chemin, découragés. Alors qu’on marche, le soleil, qui s’était planqué depuis le matin, décide de refaire son apparition ! Au retour à la voiture, on aura quand même fait une marche de presque trois heures…
On repart pour Inari, où on arrive aux environs de 17h. Petit passage par le parlement same, un grand bâtiment gardé par des rennes (si si !). On découvre à l’intérieur l’artisanat same. C’est beau, mais un peu cher…
Puis on contemple le lac d’Inari, immense, mais on aura l’occasion d’y revenir. Pour l’instant, avec la route et la marche, on est crevés. On file vers Ivalo, à une trentaine de kilomètres, où se trouve notre hôtel, « hotelli Ivalo »…
Le soir, on tente de trouver un endroit où manger sur Ivalo, autre que le restaurant de l’hôtel. On finit au pubi.fi, un pub à l’ambiance américaine, qui propose des hamburgers, des pizzas, des chicken wings… Richard prend un hamburger (au renne) et moi des chicken wings, le tout accompagné de bières. C’est copieux, et pas cher, et même l’ambiance nous plaît bien !
De retour à l’hôtel, on zappe sur la télé finlandaise (qui propose beaucoup de séries récentes, et toutes en VO !). On reste un moment devant Outlanders, puis devant the Losers. Extinction des feux après 11h : il fait encore bien jour dehors !
Vendredi 24 juillet 2015
Jour 6 : Bienvenu chez les Sames
On se réveille sous un soleil radieux ! Le petit-déj est moins copieux, mais tout de même très honorable. Petite pause au soleil, à l’arrière de l’hôtel, en face de la rivière d’Ivalo. Puis on file vers Inari. La journée est chargée : on a repéré trois choses à faire. Le musée same, le « Siida » (village en same), une balade de 2h30 vers « l’église des terres sauvages », et une croisière sur le lac Inari, qui mène à une île sacrée. Après avoir vu les horaires de la croisière, on se décide pour cet ordre : Siida le matin, pique-nique sur Inari, balade jusqu’à l’église, puis, à 17h, croisière sur le lac.
Le musée same est vraiment à voir : à l’extérieur, l’un des rares villages same qui a survécu au rasage de la Laponie par les Allemands à la fin de la Seconde Guerre mondiale, a été déplacé là. Comme le dit le Routard, on s’y croirait, et le cadre est magnifique. Il fait même vraiment chaud maintenant, 22°C !
À l’intérieur aussi, le musée est intéressant. On s’arrête à la boutique pour quelques emplettes, mais les choses les plus intéressantes sont à la boutique du parlement same, où les femmes de fermiers sames vendent directement leur artisanat.
On file pour l’instant au supermarché pour acheter des sandwichs, et on s’installe au bord du lac. Il y a très peu de moustiques, c’est agréable. On finit même par un magnum dégusté au soleil !
Puis, à 13h30, en route pour la balade, qui se révèle plus ardue que prévu : décidément, les chemins sinueux couverts de roches et de racines sont monnaie courante en Laponie. Il est déjà 15h quand on arrive à l’église en bois, toute jolie au milieu d’une prairie couverte de fleurs.
On s’attarde un peu, mais pas trop. Si on met autant de temps au retour, on ne va pas pouvoir faire le reste de nos emplettes au parlement avant de prendre le bateau ! C’est au pas de course que nous repartons en sens inverse. Pourtant, la randonnée entre la forêt et le lac est plutôt sympa, mais le chemin est vraiment difficile. On retrouve la voiture à 16h20, en nage. Un petit plongeon dans le lac aurait presque été la bienvenue !
On a le temps de passer au parlement, puis direction le bateau de croisière. À l’intérieur, il y a d’autres touristes, mais pas tant que ça. La croisière sur le lac est agréable. Une voix enregistrée explique que le lac Inari est le deuxième plus grand de Finlande, que l’eau y est potable, que sur une île se trouve une borne symbolisant la frontière avec la Russie, etc. On s’arrête sur l’île sacrée, un gros rocher couvert de bouleaux, sur lequel un escalier monte jusqu’au sommet. De là, la vue est imprenable, et sous ce soleil, c’est superbe.
Retour dans le bateau au bout de quelque temps. On passe aussi aux abords d’une île-cimetière où les Sâmes étaient enterrés, pour échapper aux prédateurs.
Retour à Inari à 19h passées. On décide de revenir manger sur Ivalo, au même pub qu’hier. On est vendredi : il y a du monde dehors ! Des jeunes et des moins jeunes flânent en groupe aux abords de la route. Le pub est aussi sympa qu’hier, et il y a plus de monde, dont des Finlandais sacrément baraqués ! On prend des pizzas (au renne) et des bières à nouveau, puis retour à l’hôtel.
Ce soir, on a décidé de veiller pour prendre une photo de la lumière de minuit ! À minuit moins dix, on sort de l’hôtel et on s’installe dehors, au bord de la rivière. Au restaurant de l’hôtel, une fête bat son plein. Les gens dansent le tango, chantent, rigolent, discutent comme si on était au milieu de l’après-midi. Dehors des sons de batterie indiquent qu’une autre fête, plus jeune, a lieu un peu plus loin. La lumière est superbe, il y a quelques nuages dans le ciel, mais on peut deviner le soleil derrière les arbres. À minuit pile, on prend une photo depuis un ponton de bois. C’est comme un soleil couchant, sauf qu’il ne se couchera jamais réellement et se lèvera à nouveau dans quelque temps.
Après en avoir profité, on revient dans chambre, et dodo !
Samedi 25 juillet 2015
Jour 7 : Sous la pluie
On se lève un peu plus tard que d’habitude : aujourd’hui, l’étape est courte. En plus de ça, le temps s’est carrément dégradé (oui, le climat change très vite en Laponie !). On quitte Ivalo pour se rendre à Saariselkä, un peu plus au sud. L’idée était de monter à un point de vue à pied et manger le midi au restaurant qui s’y trouve, mais la visibilité se réduit de plus en plus : on n’y voit plus à 10 mètres. C’est d’autant plus dur de faire attention aux rennes au bord de la route. On grimpe quand même jusqu’au point de vue, mais en voiture. En haut, nous sommes dans les nuages. Un crachin persistant s’abat sur la toundra environnante. On file dans le restaurant. Il est un peu tôt pour manger, alors on prend juste un café, et on musarde dans la boutique de souvenirs.
En redescendant vers Saariselkä, le temps ne s’est pas arrangé, mais les nuages se lèvent. On fait un tour dans le village, qui est aussi une petite station de ski. Il y a quelques boutiques. On reste un peu dans le point information, on visite une petite expo gratuite sur la région, et on fait quelques autres boutiques qui valent encore des achats. On prend aussi de quoi pique-niquer pour le lendemain ou le surlendemain. Vers le centre du village, en face du « Santa Claus office », on entre dans un petit café qui ne paie pas de mine et qui propose à manger. Il s’agit de la soupe du jour : une soupe à la viande de renne bien garnie. C’est revigorant, par ce temps. Le café est offert, ainsi que le pain et le beurre (parce que oui, partout ailleurs, le pain est payant !).
Après ça, il faut bien se décider : on part faire une balade dans le parc national d’Urho Kekkonen que Saariselka borde. Il s’agit de l’un des parcs les plus sauvages d’Europe, il longe la frontière russe. D’ailleurs, on sent qu’on est proche de la Russie ! Beaucoup d’informations sont écrites en finnois, et en russe. Mais cette fois, les panneaux explicatifs de la balade de 6 km qu’on compte faire sont aussi en français ! Cette promenade est plus facile : il n’y a plus de pierres ni de racines sur les chemins.
D’ailleurs, Le paysage n’est pas du tout le même que plus au nord, il y a beaucoup moins de ces grands pins aux branches torturées qui blanchissent, meurent et tombent, nourrissant pendant plus de 100 ans le sol de la forêt. Ici, ce sont surtout des bouleaux, quelques sapins et des épicéas de Sibérie, très fins, couverts d’un lichen pourrissant qui forme de grosses touffes noires sur les branches.
On grimpe sur un tunturi sous la pluie, mais le temps s’améliore au fur et à mesure de la rando, et il s’arrête même de pleuvoir quand on redescend. On croise quelques oiseaux, dont peut-être un mésangeai et une gélinotte, et on découvre aussi dans la boue une empreinte large et griffue : peut-être un glouton ? (Ou bien un bête chien…)
Au retour, on décide de rester à l’hôtel. Il n’est pas tard, à peine 16h30, mais ça va nous permettre enfin de découvrir les saunas !
Ils sont séparés homme/femme. Après en avoir profité chacun une petite heure, on lézarde dans la chambre, avec une bonne tasse de thé. On mange dans un des restaurants de Saariselka, très bon, mais pas donné. On se partage un carpaccio de renne en entrée, puis je prends des légumes et du fromage de chèvre frits, et Richard un saumon.
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