Hier, 16 h. Dernier rendez-vous chez le vétérinaire pour nos deux petites convalescentes. J’entre dans la salle d’attente, la cage en main et nos deux rattes à l’intérieur. Deux femmes d’âge mûr sont en pleine conversation. L’une tient en laisse un minuscule yorkshire pomponné comme s’il attendait le premier prix d’un concours canin. La seconde a posé à terre une boîte de transport contenant le chat le plus énorme que je n’ai jamais vu. Pour un peu, si elle ouvrait la boîte, je suis presque certaine que le chat en sortirait en ayant adopté sa forme rectangulaire. Je leur murmure un vague bonjour et vais m’installer sur une chaise, un peu plus loin, en posant dignement ma petite cage sur les genoux. Les deux commères se sont arrêtées de parler et me regarde m’asseoir avec un petit regard incrédule. Un silence, puis la femme au toutou se penche vers sa copine, un air de conspiratrice sur le visage. Elle retient sa respiration, comme si j’étais une dangereuse criminelle recherchée dans tout le pays, et murmure d’un air dégoûté (assez fort pour que je puisse l’entendre) : « Ce sont des rats ». Je retiens un sourire en coin, et entre-ouvre la cage pour câliner Mithril et Maho, rendues stressées par cette expédition. Les deux commères se remettent à discuter, tout en me lançant de temps à autres des regards soupçonneux. Le vétérinaire, un jeune très sympa, ouvre alors la porte de son cabinet. La femme au toutou se lève d’un bond, et avant même de laisser au vétérinaire le temps de parler, commence à débiter quelque chose à propos de son toutou qui est malade et qui a besoin de… Le vétérinaire l’interrompt avec le sourire : « Madame Machin, je vais d’abord faire passer la demoiselle (il me désigne d’un signe de tête), et on se voit juste après, d’accord ? » Il lui a parlé sur un ton patient, un peu condescendant. Tandis que je me lève et que je passe devant la commère, un sourire de triomphe éclaire mon visage. Il n’y a pas de petite victoire.
Catégories : Blog
0 commentaire