Compte-rendu d’Irlande

Mercredi 22 juin : Départ.
220 km

Départ de l’appartement à 13h, après avoir rangé la montagne de bagages dans le coffre. C’est la troisième fois que je pars en Irlande : une fois en 1993, avec mes parents, et une fois en 2001, avec deux amis (Olivier et Julien). Isy, lui, y va pour la première fois. C’est aussi nos premières vraies grandes vacances à deux, en amoureux.
Nous arrivons à Cherbourg à 16h, et cherchons immédiatement l’embarquement. La douane est présente, et plutôt active : elle nous demande nos papiers, nos professions, et à ouvrir notre coffre. Malgré sa légère suspicion devant les deux bidons qu’isy a rempli d’eau pour le cas où nous ferions du camping sauvage, elle nous laisse passer. Il faut dire que la profession d’isy, « inspecteur pétrolier », ça en jette tout de suite face à des représentants de la loi. Ils doivent penser qu’avec un métier plus ou moins lié au pétrole, isy doit gagner des milles et des cents. Eh non, dommage, ce n’est pas le cas !

On furète un peu sur le pont, il fait beau, mais rapidement froid.Retour à l’intérieur, direction le lounge bar. Divers spectacles se succèdent : un accordéoniste au visage lunaire d’abord, puis un magicien pour les enfants, puis deux guitaristes qui jouent de la pop, et enfin un spectacle de chant/danse façon broadway mâtiné de folklore irlandais. Isy bave devant les demoiselles dont les jambes montent haut, pendant que je me repais du spectacle fort charmant de l’un des danseurs, fort charmant disais-je.
Après la première Kilkenny d’Isy (qui comme nous le verrons plus tard, est en fait vraiment une bière à touristes), nous cherchons un endroit pour dormir… pour finalement nous rabattre dans la salle des sièges, quoique nous n’ayons officiellement pas le droit de nous y rendre (le billet, acheté sur internet au prix le plus bas, ne comprenait rien, ni cabine, ni siège). Chacun s’installe comme il le peut entre deux rangées, dans son sac de couchage, comme l’ont déjà fait la plupart des gens (certains ont même ramené des matelas !). Il n’y a quasiment personne, et la nuit est plutôt calme.

Jeudi 23 juin : Découverte du pays…
359 km

Réveil difficile aux alentours de 8h. Petit déjeuner au « café Lafayette », et arrivée à Rosslare à 11h30, heure locale. Il faut bien sûr songer à régler les montres et horloges !

Départ pour les Wicklow Mountains, au sud de Dublin. Durant toute la première partie du voyage, nous irons dans des endroits que je n’ai encore jamais fait. Je découvrirai donc en même temps qu’isy. Isy qui, d’ailleurs, s’habitue petit à petit à rouler à gauche. En chemin, découverte de l’Irlande, ses nuages, ses villas monstrueuses, ses ruines. Après quelques légers cafouillages (mais ce n’était pas la faute de la copilote !), arrivée à Glendalough, petit village monastique au cœur des Wicklow, relativement touristique. Première désillusion : on doit débourser trois euros pour pouvoir se garer un peu plus haut, le long d’un lac. Pique-nique, puis balade le long du dit lac. Au menu : « Kevin’s bed », de l’autre côté du lac, l’endroit où saint Kevin s’est isolé en ermite (inaccessible à pied, nous pouvons juste l’apercevoir de loin, et bien sûr, les jumelles sont restées dans la voiture !) et les ruines d’une chapelle juste à côté. Ce ne sera pas notre dernière. Puis, on pousse jusqu’à une mine abandonnée, dont nous n’aurons pas réussi à connaître la nature, et on décide de continuer un peu le chemin dont les lacets courent le long d’un torrent. Pour un peu, on se croirait dans les Alpes.

Un peu plus haut, demi-tour et retour à la voiture. La balade aura duré une bonne heure. Nous quittons Glendalough sans même visiter le village ni les ruines du monastère. Trop de monde. Nous partons en quête du camping (conseillé par le guide du routard, notre fidèle compagnon de route), que nous trouvons neuf kilomètres plus loin, à Roundswood. Je prononce mes premiers mots en anglais, et oh ! Miracle ! Le type en face de moi me comprend ! Je suis bilingue ! Je suis bilingue !
Euh, non, en fait, pas encore…
La tente montée, nous partons faire une balade dans le village, jusqu’au lac un peu en dessous, le lac Vartry. Retour à la tente, les jambes mortes, douches (payantes – heureusement ce seront les seules du séjour), puis glandouille sous la tente, un énorme paquet de bonbons à proximité, et premier repas sous la tente également !

Vendredi 24 juin : Welcome to Dublin !
539 km

Nous plions la tente sous la pluie. Ça commence bien. Prochaine destination : Dublin. Nous nous garons en centre ville, à proximité d’un centre commercial d’inspiration victorienne très chouette. Malheureusement, le parking est aussi très cher (12€ pour quelques malheureuses heures !). Visite de la capitale : quartier de Temple Bar, Christ church. Nous nous arrêtons dans le plus vieux pub de la ville, où je bois un café.

Isy, qui aimerait bien une Guinness, ne voit cependant jamais sa commande arriver. Je paie finalement mon café et on s’en va. Isy est très déçu. Lunch dans une brasserie étudiante recommandée par le routard (le O’Neills). Très sympa, on se commande un Irish stew. Isy obtient enfin sa Guinness, content !
Exploration des rues commerçantes, isy se recherche un polo de rugby. Tour du St Stephen’s Green, petit parc à côté du centre commercial, puis visite plus approfondie du dit parc. On retourne finalement dans la ville où isy a repéré un polo Guinness pour lequel il craque finalement. Retour à la voiture, et mauvaise surprise du prix du parking. On s’en va ensuite pour Drogheda, juste au dessus de Dublin, pour trouver un camping indiqué sur la carte (et non dans le routard). Mauvaise idée : le camping n’existe pas. Après vérification, on s’aperçoit avec horreur que la carte, piquée à mes parents, date de 1989. Forcément… Nous tournons de longues heures dans la région, désespérés de trouver un endroit où planter la tente, même en sauvage. Petit passage par une abbaye en ruine, puis je me décide finalement à ouvrir le routard, qui indique une AJ (Auberge de Jeunesse) privée un peu plus haut, à Kells, sur notre route du lendemain (vers le nord). C’est moitié prix par rapport à un B&B (15€ par personne, alors qu’un B&B tourne autour des 60€ pour une chambre pour deux), donc nous fonçons. Là-bas, le gérant n’a plus de places de libre dans l’AJ, mais heureusement, nous pouvons planter notre tente dans le petit jardin derrière, et il nous en coûtera pour deux fois moins cher !
Alors qu’on s’apprête à sortir faire un tour dans le village, premier bobo du voyage : la porte se referme sur mon doigt. Ouch, ça fait très mal. Un pansement et quelques plaintes plus tard, visite de Kells : croix celtique, tour, oratoire, église du Xème siècle…

On mange à l’intérieur de l’AJ.
Et, tandis qu’on s’apprête à se coucher… deuxième merde du voyage : isy s’est chopé une tique, et une belle. Pas moyen de la déloger, et la tête reste à l’intérieur. En temps normal, j’appellerai illico le médecin (ça lui est déjà arrivé une fois, et il a subi un traitement contre la maladie de Lime que transmettent les tiques), mais là… Après quelques lamentations, on décide d’en rester là, tant pis. On joue peut-être gros, mais les cas de maladie de Lime sont relativement rares, et encore plus rarement mortelles…
Et voilà, deuxième jour, et déjà deux éclopés et une trousse de secours qui n’a jamais autant servi… Vous vous souvenez du film « La Chèvre » ? Ben isy et moi, c’est un peu Pierre Richard et la fille qu’il retrouve à la fin, dans la clinique… Qui se ressemble s’assemble ! 🙂

Samedi 25 juin : Au fin fond du Donegal…
872 m

Levé aux alentours de 8h, on compte visiter un peu le coin. Après des kilomètres et des kilomètres à tourner en rond pour trouver des sites qui n’existent pas, on abandonne pour filer au nord. On voit quand même une église en ruine, c’est toujours ça.

Départ pour le Donegal, en passant par l’Irlande du Nord. On rame un peu pour trouver un endroit pour pique-niquer, mais finalement on s’installe au bord d’un lac, dans un petit coin de verdure très bucolique. Il fait très beau. Puis nous suivons la direction de Derry. Passage dans une ville du nord dont le commissariat est entouré de hauts murs et de barbelés. Pas de doute, nous sommes dans l’Ulster. Tous les panneaux de direction « Londonderry » ont le « London » masqué par des tags. Plus tard, je comprends à quel point cette résistance passive est légitime et l’appellation « Londonderry » révoltante. Finalement, nous ne verrons pas cette ville puisqu’on bifurque un peu plus tôt pour retourner dans l’Eire (Irlande du Sud). Nous voilà dans le Donegal. Après un arrêt pour voir la plus vieille croix celtique d’Irlande, nous montons jusqu’à la péninsule d’Inishowen, l’extrême nord de l’Irlande, pour y trouver un petit camping au-dessus de Clonmany, au bord de la mer. Le camping est plutôt bon marché (14€ pour la nuit – en réalité, tous les campings que nous ferons par la suite serons dans ces prix-là, douches chaudes comprises), et très propre. Nous profitons de la fin d’après-midi pour se balader le long de la plage et sur les rochers. Paysage irlandais typique : montagnes revêches parsemées de moutons et de murets de pierre.

L’endroit est venteux. Douches, très chaudes, repas sous la tente (le vent n’arrête pas au-dehors) puis détente.

Dimanche 26 juin : Salauds d’Anglais !
1229 km

La veille, j’ai lu quelques pages de l’histoire d’Irlande (dans le guide du routard) à voix haute. Pas drôle, vraiment pas drôle du tout. M’étonne pas que les irlandais soient aussi virulents contre les anglais maintenant. Il faut le lire pour croire à toutes les humiliations, actes de colonialismes, formes d’apartheid qu’ils ont subi de la part du gouvernement anglais.
Levé 7h45, départ pour découvrir la Chaussée des Géants, en Irlande du Nord. On repasse par Derry (nom légitime de la ville, comme ça l’est indiqué sur tous les panneaux du Donegal ! En réalité, le « London » a été accolé au XVIIème siècle pour humilier les irlandais et leur faire sentir un peu plus qu’ils étaient assujettis à l’Angleterre ! Je me pose une question, maintenant que les choses se sont un peu calmées entre les Anglais et les Irlandais : pourquoi n’avoir pas redonné l’ancien nom de la ville ? Ce serait, à mon sens, la moindre des choses à faire pour s’excuser de toutes les horreurs dont les Anglais se sont rendus coupables au cours des siècles ! S’il y a un Anglais ou une personne d’origine anglaise dans mon lectorat, qu’il m’explique. Moi, je n’ai toujours pas compris pourquoi des excuses n’ont jamais été faites. Je sais bien que maintenant, à cause de l’IRA, les torts sont partagés, mais quand même, pour un peu, les Anglais auraient presque réussi à décimer un peuple entier ! Est-ce qu’il y en a parmi eux qui ont quand même un peu honte ? Moi, j’ai honte de ce que le peuple français a fait subir aux Algériens, mais ce n’est rien à côté de ça !). Bref, revenons à nos moutons (Irlandais, forcément, ah ah). Le parking pour la Giant’s Causeway est payant, et cher, mais comme beaucoup de monde, nous nous garons le long de la route, juste devant. D’abord, nous n’avons pas de livres pour payer ! Balade le long de la falaise, chouettes paysages. La Chaussée est constituée de « piliers » de basalte imbriqués les uns dans les autres en hexagone, comme un fait artificiel. C’est très impressionnant.

Retour à la voiture à 11h30. Nous repartons en espérant trouver une aire de pique-nique sur la route. C’est le cas : une petite aire perdue au milieu des arbres, en bordure de forêt, loin de la route. Là, deux petits chatons abandonnés nous accueillent. Ils sont adorables, et nous leur donnons un petit peu de notre nourriture. Il y a un mâle et une femelle, sans doute frère et sœur. J’ai le cœur qui fond, et même isy, qui n’aime pas les chats, semble un tout petit peu attendri. On repart cependant, sans trop d’inquiétude : les chatons sont déjà assez grands, et semblent savoir se débrouiller, ils ont l’air bien portant. J’espère juste qu’ils ne s’approcheront pas de la route, un peu plus loin, et qu’ils arriveront à passer l’hiver.
On retourne dans le Donegal, jusqu’au pied du mont Erigal, pour en commencer l’ascension. Bonne balade de quelques heures, sous le soleil, mais on abandonne avant le sommet.

Redescente difficile, à cause du terrain spongieux. Isy enfonce sa chaussure dans la boue. Malgré tout, c’est magnifique. Retour sur les rotules, on a beaucoup marché et beaucoup roulé. La douche se révèle indispensable, et nous la prenons à deux, à la lumière d’une lampe de poche : la lumière ne fonctionne pas et la gérante n’est pas là.

Lundi 27 juin : Des tombes.
1480 km

Il est 8h passé quand on se réveille, cette fois-ci. On plie la tente et on s’en va, direction Donegal (la ville). Arrivée vers 11h. Ici, le parking n’est qu’à 0,30€ de l’heure, ça change. Découverte de la petite ville et des boutiques de tweeds, notamment. Mauvaise surprise devant le distributeur de billets : je ne peux plus tirer d’argent, mon compte est à sec. Isy va devoir m’avancer. Balade jusqu’au château, puis recherche d’un endroit où manger. On se rabat dans le restaurant d’un hôtel, assez étrange. L’intérieur est très luxueux, une armée de serveurs très chics nous accueille, mais le repas se présente en self-service. Un self-service de luxe, en quelque sorte. Le repas est très bon et très copieux. Pour moins de 10€, nous n’arrivons pas à le terminer.
Départ de la ville de Donegal, détour dans un village constitué de boutiques d’artisanats, puis on quitte le Donegal, direction Sligo et le Mayo. En chemin, nous faisons diverses haltes touristiques. D’abord, une tombe mégalithique au bord de la route, très chouette, puis la tombe de W.B. Yeats, dans le petit village de Drumcliff. En bonne littéraire, je m’y recueille.

Enfin, nous décidons de visiter, pour 4€, la plus vieille nécropole d’Europe : c’est un champ couvert de tombes mégalithiques, datant pour certaines de plus de 5000 ans. Nous lisons les explications sur une plaquette en français. Les tombes ne sont pour beaucoup plus que des tas de pierres à peine reconnaissables, mais c’est intéressant tout de même. Au loin, les collines environnantes sont toutes chapeautées d’une tombe qui se devine. Parmi elles, sur la colline la plus proche, le tombeau de la reine Maeve, la reine guerrière dont je connais un peu l’histoire.
Nous repartons pour Castlebar, où nous trouvons sans trop de difficulté le camping indiqué sur le routard.

Mardi 28 juin : Achill Island.
1694 km

Levé tard ! 9h ½ quand on émerge. On remballe tout vite fait, pour se diriger vers Achill Island. Petite halte à Castlebar pour acheter des vivres car les nôtres s’épuisent. Embouteillage monstrueux à Newport. Nous nous approchons des endroits que je connais déjà. En passant par Mulrany, à l’entrée de l’île, je reconnais l’endroit où nous avions fait du camping sauvage, quelques années auparavant. Nous nous engageons sur l’« Atlantic Drive », le circuit touristique. Arrêt sur la pointe sud de l’île, pour manger. Il y a un vieux cimetière marin dans lequel on voit des tombes datant de la Grande Famine. On pique-nique un peu plus loin, au-dessous de la tour de l’ancien château de Grâce O’Maley, la reine pirate. Sur la tour, deux corbeaux poussent des cris lugubres, et, ne serait le soleil étincelant, on se croirait dans un roman de Stephen King.Tout au long de l’île, nous croisons de nombreux moutons en liberté. La côte est très jolie. Nous dépassons le petit village de la pointe, Keel, pour nous rendre au village fantôme de Slievemore, déserté pendant la Grande Famine. Beaucoup de touristes, mais c’est quand même assez impressionnant, même s’il ne reste plus que les fondations. Contrairement à toutes les autres ruines isolées, ici, le village est très étendu, et le flanc de la colline est couvert de murs délabrés. Des moutons broutent entre les ruines.

Plus loin, un groupe de personnes semble affairé à étudier une petite zone de ruine. Nous supposons que ce sont des archéologues ou quelque chose du genre.
Nous quittons Slievemore pour continuer le tour de l’île. Halte essence à la fin, et nous descendons sur le Connemara. Passage le long de la côte découpée, vue de loin du château de Kylemore, puis route jusque Letterfrack, au nord du Connemara, où nous avons repéré une AJ privée, l’old monestary hostel, qui est, selon le routard, l’une des meilleures d’Irlande. Quand nous arrivons, il n’y a personne. Nous patientons dans le salon, en compagnie du chat, avant qu’une femme vienne nous accueillir. C’est bon, nous avons une chambre perso, pour 16€ par personne, petit déjeuner inclus. Ça nous changera du camping…
Comme il fait encore très beau, nous décidons ensuite d’aller boire un coup dans l’un des pubs du village. Isy prend une Guinness, moi un jus d’orange (je n’aime pas la bière brune). Puis, douche, repas copieux (reste de pâtes de la veille et jambon irlandais grillé à la poêle) et lecture dans le salon.

Mercredi 29 juin : Les lacs du Connemara…
1823 km

Levé tranquillou à 8h45 pour profiter du petit déjeuner à 9h. Copieux et délicieux : pain fait maison tout chaud, confiture, porridge, thé. Feu de tourbe dans la cheminée. Dehors, il pleut, et le départ est difficile. Direction Clifden, en plein cœur du Connemara, où on s’arrête pour acheter de la nourriture et des souvenirs pour nos familles. Chance, il y a un gros Supervalu dans le village et plein de boutiques. Après avoir dépensé tous les sous d’isy, on repart le long de la côte pour pique-niquer. Le temps est toujours très couvert mais il a cessé de pleuvoir. Finalement, nous mangeons sur un point de vue, le long d’une pointe en dessous de Clifden. Puis nous repartons pour les Twelves Bens. On s’arrête au niveau d’une AJ pour faire l’ascension du Ben Lettery, mais le temps très couvert ne favorise pas la balade. Au bout de quelques mètres de dénivelé, nous sommes dans les nuages.

Obligés de rebrousser chemin, à mi-hauteur environ. Nous redescendons en passant par une petite ruine. Quelques carcasses de moutons sur le chemin. Nous repartons vers Roundstone, et là-bas, visite d’une fabrique de Bodhràn, tambours irlandais, et quelques autres boutiques d’artisanat. D’autres souvenirs sont achetés. Traversée du Connemara profond, par Cashel. On s’arrête pour contempler les tourbières et la tourbe entassée en briques le long de la route. Des gens sont en train de la récolter. En voulant m’engager vers un tas de tourbe, je m’enfonce dangereusement dans le sol et je rebrousse vite fait chemin.

Nous repartons vers Spiddal, où se trouve le camping. Camping sympa, pas cher, douches gratuites, mais énorme inconvénient : les midges, des petits moucherons qui pullulent et qui piquent. Nous croisons des Français, chose rare jusqu’à maintenant. Chance, il ne pleut plus lorsqu’il faut monter la tente.

Jeudi 30 juin : Le Burren.
1984 km

Levé 7h50. On replie vite fait nos affaires car les midges tournent toujours autour de nous. Direction : le Burren, juste en dessous du Connemara. Nous passons Galway, en faisant une halte pour acheter du pain et diverses bricoles à manger. Puis nous longeons la côte, jusque Finavarra, sur la pointe du Burren, où nous faisons un petit tour d’une heure et demi, le long de la côte. Nous repartons pour trouver un endroit où manger. Ce sera à l’entrée d’un village côtier. Pour la suite, la mission est de trouver, dans ces bleds paumés, de quoi prendre de l’argent et acheter des cartes postales. Nous repartons jusque Ballyvaughan.

Là-bas, les cartes postales sont achetées, écrites et envoyées dans la foulée. Une bonne chose de faite. Celle pour l’Islande a coûté cher en timbre (environ 2€), j’espère qu’à ce prix elle arrivera jusqu’à l’ambassade de France à Reykjavik ! Par contre, maintenant, il faut d’urgence trouver une banque. Nous essayons à Lisdoovarna, en vain, puis à Ennistimmon. Là, miracle, une banque, mais pas de distributeur. Nous rentrons à l’intérieur pour demander du cash. Puis nous repartons pour les Cliffs Mohers, des falaises à l’entrée du Burren. Le parking est payant (4€ !) et pas moyen de se garer ailleurs. Nous rebroussons chemin, dépités, pour nous diriger vers Corofin, où se trouve notre camping, situé à côté d’une AJ privée. La tente est montée moitié sous le soleil, moitié sous la pluie : exactement le temps d’aujourd’hui. De plus en plus de Français. Nous paressons un peu au soleil, puis sous la tente (le vent est trop froid), douche, et repas tranquille dans une petite salle aménagée. Au menu : pâtes bolognaises, mais leur bœuf dégouline de gras. Beurk !
Le soir, nous décidons de sortir dans un pub, à 21h30. Nous en choisissons un dans le village, recommandé par le routard. Isy prend une Guinness, moi un jus d’orange. Si j’avais su que la Bulmer’s n’était pas une bière, mais du cidre, c’est ce que j’aurais pris ! A 22h30, des musiciens arrivent par petits groupes dans le pub. Ils boivent un coup séparément, et n’ont pas l’air de se connaître, mais ¼ d’heure plus tard, ils s’installent tous ensemble. Ils sont jeunes, et deux filles ont l’air même très jeunes (entre 14 et 16 ans, je dirais). Ils commencent à jouer de la musique traditionnelle. C’est entraînant, et rigolo : les joueurs n’ont rien de pro, l’une des deux jeunes filles change allégrement d’instrument entre flûte irlandaise et violon. A part elle, il y a un clavier, deux violons et deux flûtes traversières. L’une des flûtes frappe le rythme avec ses pieds.
Nous retournons à la tente à 23h30.

Vendredi 01 juillet : Sous la pluie !
2075 km

Levé 8h30, le temps est très couvert. Nous prenons la voiture pour découvrir le Burren. Première étape, une petite église en ruine dans un champ. Puis nous voulons entamer une balade, mais l’entrée du chemin est interdite par le paysan du coin. C’est le gros inconvénient du Burren : les paysans ne veulent pas de touristes sur leurs terres, et refusent de laisser le libre accès. Nous décidons de contourner la montagne pour monter de l’autre côté. Malheureusement, de tous les trésors archéologiques promis par la petite carte locale, nous ne voyons rien. Il commence à pleuvoir et nous sommes bientôt trempés. En voiture, passage devant un fort qui se révèle payant, puis visite du dolmen de Poulabrone, gratuit, lui.

Puis nous nous engageons vers la Black Head, pointe nord du Burren. En chemin, nous nous arrêtons pour découvrir un château plutôt sympa. Arrivée à la Black Head, il ne pleut plus et le vent s’est levé. Nous séchons peu à peu, en pique-niquant. Le paysage est lunaire et magnifique.

Balade vers la côte, sur les rochers plats imbriqués de façon quasi artificielle, puis montée de la colline derrière nous. La flore est impressionnante de variété et de couleurs. Nous croisons le chemin de randonnée, la Old Road, et nous arrivons dans les nuages, sur un petit plateau couvert de pierres.

Découverte d’une drôle d’enceinte qui semble ancienne, et d’un monticule de pierre. Redescente. Nous prenons ensuite une petite route pour tenter de trouver un village fantôme, un vieux cimetière et un fort préhistorique, mais après une bonne grimpette sous la pluie, nous ne trouvons rien de tout ça, et nous sommes à nouveau trempés jusqu’aux os. Pas de chance. Nous nous dirigeons alors vers Kilferona, capitale du Burren, pour y déguster un Irish Coffee. J’y prends tout de suite goût : c’est très fort, mais ça réchauffe les tripes, et j’aime beaucoup la saveur. Visite de la boutique du Burren Visitor Centre, et de l’église, en ruine, dans laquelle figurent deux croix celtiques sculptées. Retour au camping, douches chaudes (raaaah ce que ça fait du bien après une journée de pluie !) et vêtements secs.

Samedi 02 juillet : Vive les pubs irlandais et le Bailey’s !
2285 km

Journée de route. Levé 8h10, pour remballer toutes les affaires. Direction : la péninsule de Dingle, au sud du Burren. Le temps est maussade, et se dégrade petit à petit. Néanmoins, quelques éclaircies de temps en temps. Nous passons Ennis puis Limerick pour trouver de quoi faire les courses. Nous nous engageons dans Limerick, où nous trouvons un Dunnes Stores. Puis arrêt à Tralee pour prendre de l’essence. Plus nous avançons, plus les nuages noirs s’amoncellent. Passage sur les petites routes de la péninsule de Dingle, où nous croisons un troupeau de moutons et leur berger. Arrivée à Dingle à 13h30. Il pleut, et bien. Nous mangeons une salade dans la voiture, garés devant le port de Dingle. Ensuite, nous partons à la découverte de la ville, de boutiques de souvenirs en boutiques de souvenirs pour échapper à la pluie. Dans une librairie, je m’achète un nouveau carnet d’adresse (l’ancien, qui vient de mon premier voyage en Irlande, est certes… pittoresque, mais un peu dépassé !), un livre d’occasion de Philip K. Dick pour isy (en VO bien sûr), et un livre de nouvelles irlandaises (histoire de réviser mon anglais). Retour à la voiture et recherche du camping, situé également à proximité d’une AJ privée (c’est bien, c’est pas cher et nous bénéficions des avantages de l’AJ). Nous montons la tente sous la pluie, mais peu à peu, le temps se dégage pour laisser place à un beau soleil de fin d’après-midi. Détente, douches, repas, puis, vers 21h, nous décidons de retourner à Dingle pour boire un verre. Nous allons dans le O’Flaherty, recommandé par le routard. Très pittoresque, quoique très petit. Peu à peu, la salle se remplit, mais nous gardons farouchement nos places assises. Isy se prend une Murphy’s (autre bière brune irlandaise), et moi un Bailey’s (après une hésitation pour prendre un Irish coffee – mais l’Irish coffee doit se boire vite, tant qu’il est chaud, tandis que le Bailey’s peut se siroter toute la soirée). Plus tard, isy se reprend une Guinness. A 10h, des musiciens se mettent en place. Un accordéoniste, un guitariste muni d’un banjo et d’un autre instrument à corde, et un joueur de Bodhràn. La musique est sympa, le bar bondé.

Heureusement, comme tous les pubs d’Irlande, c’est non fumeur ! Quel bonheur de pouvoir respirer dans un tel lieu ! A quand une loi similaire en France ? En Irlande, loin de dissuader les gens de fréquenter les pubs, cette loi a même fait augmenter leur clientèle, puisque ceux qui ne supportaient pas la fumée auparavant peuvent maintenant s’y rendre sans crainte !
Nous nous en allons à 23h. Dodo !

Dimanche 03 juillet : Autour de Dingle.
2380 km

Aujourd’hui, visite de la péninsule de Dingle. Levé 8h30. Nous partons vers 9h30, après une averse, pour faire la Slea Head Drive. Premier arrêt à Fahan, pour voir des Clochains (sortes d’abris de bergers en pierre ronds) et un fort de 500 ans avant J.C. Malheureusement, tout est payant. Nous consentons tout de même à payer 4€ pour visiter le fort. Il est assez impressionnant, au bord de la falaise.

Nous passons ensuite la Slea Head et nous nous arrêtons un peu plus loin pour observer les îles Blaskets, en face.

Petite marche autour de la péninsule qui leur fait face, jusqu’à un fort et une pierre oghamique (l’écriture oghamique étant, je viens de l’apprendre sur wikipédia, une ancienne écriture à caractère divinatoire en pratique chez les celtes et encore aujourd’hui par les wiccans). Au loin, nous voyons sur la Great Blaskets Island les ruines d’un village fantôme.

Puis nous repartons, vers Dun an oil, un champ de bataille des Espagnols, venus aider les Irlandais, contre les Anglais (Les Français aussi ont, à maintes reprises, tenté d’aider l’Irlande à se libérer du joug anglais. Malheureusement, à chaque fois, une incroyable malchance s’acharnait à faire échouer tous les plans. Dire que sans cette poisse fabuleuse, aujourd’hui, l’Irlande serait peut-être entièrement libre, et depuis longtemps !). Nous y pique-niquons, à l’abri du vent. Puis, route jusque Reask, un vieux monastère dont on ne voit plus que les fondations et quelques croix celtiques. Nous nous arrêtons ensuite à l’oratoire de Gallarus, censé être payant (un peu moins de 3€ par personne). Mais, grâce au routard, nous prenons un chemin de randonnée un peu plus loin, grand et bien aménagé (il est gravillonné et bordé d’arbustes, avec un parking à l’entrée !), qui mène tout droit à l’oratoire, et gratuitement ! Nous nous mêlons aux touristes, qui, eux, ont payé pour voir ça.
Enfin, nous tentons de voir l’église de Kilmalkedar, mais c’est bien plus au nord, à Brandon Creek, que nous nous échouons après nous être trompés de route. Du coup, nous observons Brandon Creek, qui est censé être l’endroit d’où est parti saint Brandon, sur une coquille de noix, qui paraît-il est le premier à avoir découvert l’Amérique (mais j’ai des doutes. Les vikings ne l’ont pas découvert avant ?). Retour sur nos pas, en espérant choper l’église sur la route, mais nous nous retrouvons à Dingle. Obstinés (on va la voir, cette putain d’église !), nous retournons donc en arrière, et nous arrivons enfin à cette foutue église perdue en plein centre de la péninsule. Bon, heureusement, elle est assez joli, décorée, datant du XIIème siècle, avec une pierre alphabétique à l’intérieur et à l’extérieur, une croix en forme de cadran solaire, une pierre oghamique et plein de très vieilles tombes cristallisées par de simples pierres plantées dans la verdure, qui partent dans tous les sens.

Retour à Dingle, pour prendre de l’argent, puis au camping. Après un bref passage au toilette, nous partons à pied cette fois, pour découvrir les environs du camping. Nous allons jusqu’à une crique, à l’embouchure de la baie de Dingle. Au loin, nous apercevons un bateau de touristes qui s’extasient devant ce que nous pensons être Fungie le dauphin de Dingle (mais nous ne voyons que quelques clapotis d’eau). C’est tout ce qu’on aura vu de lui. Retour au camping, il est 16h. Nous prenons un bon thé chaud dans la cuisine.

Lundi 04 juillet : Journée très médiévale…
2665 km

Levé 8h. Nous partons pour Kilkenny, dernière étape de notre périple. Arrêt en chemin dans un lidl pour se fournir en bonbons pour le retour. Vers midi, arrêt à Cahir, jolie petite ville dotée d’un château fort très bien conservé. Nous décidons, avant de manger, d’aller visiter le château. Il ne nous en coûte que 5,50€, et nous sommes comblés : le château est petit, mais truffé de salles, d’escaliers en colimaçons, de passages secrets, de tours… Le guide du routard nous informe qu’il a servi de décor à de nombreux films, dont Barry Lindon, Excalibur et Braveheart. Ça se comprend !

Dans la grande salle, autre phénomène : les cornes d’un élan préhistoriques retrouvé dans une tourbière, d’une envergure de près de deux mètres ! Rien que ça, ça vaut le détour, c’est vraiment très impressionnant.

Rien à dire, nous en avons pour notre argent !
Nous mangeons le long de la rivière, un peu plus loin. Malheureusement, il se met à pleuvoir et nous nous réfugions dans la voiture. On ne s’attarde pas, et nous filons à Kilkenny. Là-bas, visite de la ville, très médiévale.

Bref passage dans le parc du grand château, beaucoup plus grand que celui de Cahir, mais la visite est aussi beaucoup plus chère, et nous ne la faisons pas. Puis, nous furetons dans les rues, jusqu’à la Black Abbey d’abord, très jolie, puis la Cathédrale Saint Canice, qui se révèle payante (faire payer un édifice religieux, c’est gonflé quand même !), et enfin la brasserie de Smithwick’s (exportée à l’étranger sous le nom de Kilkenny). Nous faisons quelques boutiques, puis nous buvons un coup dans un pub au plafond voûté. Isy se prend une smithwick’s, naturellement, et moi un seven’up (tout de suite moins irlandais). Retour à l’office de tourisme, où isy s’achète deux verres à Guinness et m’offre des boucles d’oreille. Puis on file au camping, le même où j’ai dormi plusieurs années auparavant, après s’être perdus dans la campagne irlandaise (Les panneaux doivent être particulièrement chers ici, ils en sont vraiment avares !). Nous décidons de nous inscrire pour un Irish Breakfast le lendemain matin.

Mardi 05 juillet : Bye bye l’Irlande !
2770 km

Aaaaah, le petit déjeuner irlandais ! Que du bonheur. Au menu : œuf poché, tomate, saucisses, toasts grillés, pain, confiture, thé. Nous remballons les affaires en prenant notre temps, nous ne sommes pas pressés. Le ferrie n’est qu’à 16h. Nous préparons les sandwichs pour le soir. La tente est encore mouillée de la pluie de cette nuit. Direction : Wexford. On s’arrête dans la ville vers midi. Petite balade dans les boutiques de souvenir, de livres et de disques. J’achète deux CDs, un pour mon père, de musique irlandaise classique, et un pour nous, de musique traditionnelle. Nous mangeons entre Wexford et Rosslare puis nous nous dirigeons doucement vers Rosslare. Là-bas il y a déjà du monde. Le ferrie est beaucoup plus rempli qu’à l’aller.

Nous mettons beaucoup de temps à entrer dedans, et il met du temps à démarrer. Enfin, nous quittons les côtes irlandaises. On file au lounge bar pour avoir une place. Plus le temps passe, plus le bateau tangue d’un côté et de l’autre, et plus je suis malade. Nous partons manger, mais je peux à peine avaler un sandwich. J’ai beau être à moitié bretonne et à moitié hollandaise, je n’ai vraiment pas le pied marin…
Le soir, isy se prend une Smithwick’s qui se révèle… être moins chère que la Kilkenny, alors que c’est la même bière, sortie de la même brasserie ! Comme quoi, il faut toujours se méfier des pièges à touristes… Les danseurs de la dernière fois écourtent cette fois-ci leur numéro, à cause du fort roulis. Dommage, la vue du danseur mignon me remettait un peu d’aplomb. Nous allons dans la salle des sièges pour trouver une place. Cette fois-ci, elle est bondée, comparé à la dernière fois. Nous trouvons quand même deux rangées de sièges libres et nous nous couchons à leur pied. Au moment de rentrer dans mon sac de couchage, je suis vraiment malade, et je file aux toilettes. Je me sens mieux après avoir vomi. Anecdote cocasse : un homme parle en dormant, c’est assez marrant.

Mercredi 06 juillet : Bonjour la France !
2990 km

Réveil aux alentours de 8h. La mer s’est calmée. On monte prendre le petit déjeuner, puis sur le pont, où il fait très beau et bon.

De nombreux bateaux nous entourent. Petit moment de lecture au soleil. Nous entrons en vue de la France, et nous retardons nos montres d’une heure. Aux alentours de midi, heure française, nous arrivons au port de Cherbourg et nous débarquons. Et nous retournons chez nous !


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