(Billet publié initialement sur le blog de Werewolf Studios, que je livre ici dans son intégralité)

Comme je n’ai pas envie d’écrire (ni de travailler) ce soir, et que je n’ai toujours rien de neuf à vous annoncer concernant le dernier chapitre (ne comptez pas sur mon pour des spoilers ! ^^’), je vais vous parler un peu de la naissance d‘(Une Silfine). Bah oui, parce qu’il n’est pas tout à fait exact de dire que l’histoire de ce premier tome est en gestation depuis une vingtaine d’année. Non. L’univers, oui, mais l’univers au sens large, la mythologie, la cosmogonie, etc. L’histoire, elle, a mis du temps à s’imposer dans tout ce fouillis d’idées.

La première fois que j’ai commencé à écrire une ébauche de premier roman, j’étais en seconde, et je voulais écrire quelque chose sur une Reine Blanche du vingtième siècle. Mais je n’étais pas encore vraiment inspirée, et ce roman n’a jamais quitté le stade de vague ébauche de scénario élaboré dans ma tête et de quelques lignes jetées sur le papier (à l’époque, je n’avais ni ordinateur, ni machine à écrire, oui, on parle bien de la préhistoire, les enfants !)

En Terminale (c’est à dire en 1996/1997), j’ai récupéré et remis à neuf la vieille machine à écrire que ma mère utilisait quand elle était jeune fille, une Remington. Soudain inspirée devant cette antiquité, les premières bases de l’histoire que vous êtes en train de découvrir se sont élaborées. Quand je parle de « base », il s’agit vraiment d’une fondation. La généalogie des silfes est née, et avec elle, certains noms se sont détachés. Nephir est devenue officiellement la méchante, accompagnée d’Esteban. Keina s’est imposée comme meilleure amie de mon héroïne d’alors, et son caractère soupe au lait, dynamique et têtu s’est vite affirmé. Luni s’est alors désigné pour tempérer son amie, et avec tous ces silfes dont j’avais créé l’arbre généalogique, je me suis amusée à imaginer des tensions, des amours, des amitiés, de drôles d’histoires de famille compliquées. La guerre des silfes n’existaient pas encore, mais les prémisses s’annonçaient.

Mon histoire était celle d’une élue, et de son destin face à Nephir et à l’Avaleur de Mémoire. J’ai écrit une vingtaine de pages, sur la machine à écrire, que j’ai fait lire à une amie. Vous pouvez lire sur mon site, en « bonus caché » quelque part (pas si caché que ça à vrai dire, il suffit d’aller voir dans la section « tome 2 »)), les premières pages dactylographiées de cette histoire. J’ai choisi le titre de mon cycle : Le cycle de la Louve, et le titre de ce premier roman : Eirsaël ou les ailes brisées.

Je n’ai pas renoncé à ce titre. Un jour vous découvrirez cette histoire, fortement remaniée certainement.

Quand je suis rentrée en fac, j’ai abandonné ce début, tout en continuant à manier l’univers dans ma tête. La guerre des Silfes est née à cette époque-là, je crois. Certains personnages se sont encore détachés de la généalogie. Alderick, le père de Nephir, Anna-Maria, la Reine Blanche, ou encore la timide Jane, un personnage que j’affectionne beaucoup mais que vous ne connaissez pas encore. Tout cela vivait dans ma tête, et mon univers se complexifiait, encore et encore.

Puis ma soeur m’a filé son vieil ordinateur portable et pour la première fois, j’ai découvert la joie d’écrire à l’ordinateur et de pouvoir écrire et corriger mes textes à l’infini… J’ai alors décidé de taper les premières pages dactylographiées de mon texte, et de continuer l’histoire…

Tout au long de mes études en fac, j’ai continué sur ce tome 1, Eirsaël ou les ailes brisées. En découvrant l’ordinateur, j’ai aussi découvert les joies du retravail, et tandis que la suite s’écrivait de manière erratique, je me suis mise à remodeler mes premières pages, encore et encore. Il doit bien exister trois, quatre versions de ce début de premier roman… Le plus gros problème, c’est que je n’avais qu’une vague idée d’où je voulais aller. Oh, je commençais à avoir une idée assez précise des enjeux et des principaux points forts de mon cycle. Des idées en vrac étaient jetées au fur et à mesure sur des feuilles que je rangeais précieusement dans mon dossier « Royaume Caché », qui doit bien faire une dizaine de centimètres d’épaisseur aujourd’hui. Les titres de mes tomes suivants étaient même déjà définis : La mémoire des Elfes, Le cinquième territoire, Les deux-cent une vies de la Reine Blanche, Les trois filles de la louve. Aujourd’hui, je ne pense garder que Le cinquième territoire et Les trois filles de la Louve, mais j’en suis encore à réfléchir sur le découpage de mes tomes…

Seulement, voilà, construire une vraie intrigue à suspens pour ce premier roman était pour moi un challenge… que je n’ai pas gagné à l’époque. Mon retravail s’effectuait plus au niveau de l’histoire qu’au niveau du style. J’ai réécrit, permuté, allongé ou réduit un nombre incalculable de scènes, j’ai changé les temps, les points de vue, expérimentant encore et encore les façons de raconter une histoire, avec pour seule lectrice/juge… moi-même. Au niveau du style, par contre, j’écrivais comme ça venait, avec mes tripes, ne changeant que très rarement la formulation de mes phrases. Ca a duré 4/5 ans, jusqu’à ce que je jette l’éponge.

Des extraits ? Allez, en voici deux tous petits, qui illustrent un peu cette première tentative de roman, pour laquelle je garde une réelle affection aujourd’hui :

« — J’ai du nouveau pour toi !

C’est Keïna. Je n’ai même pas besoin de me retourner pour reconnaître le timbre haut et flûté de sa voix, qui contraste tellement avec la voix grave et profonde de Kat. Sur un signe de ma part, l’homme retourne à ses occupations et je m’approche de Keïna en lui reprochant de s’occuper trop de mes affaires et pas assez des siennes. Ce à quoi elle me répond qu’elle préfère nettement ma mission à celle que lui a confiée Clara. Au moins, ça change de l’ordinaire, et puis elle est trop contente de pouvoir aider une amie dans l’embarras. Car elle est persuadée que je suis dans l’embarras, n’est-il pas ?

Ce délicieux accent anglais qui se dénonce parfois dans son langage détend les traits de ma physionomie.

Un brin de vexation :

— Bon, eh bien, puisque j’ai réussi à te faire rire, je suppose que je suis pardonnée d’avoir mis le nez dans ta mission ?

Excuses, puis interrogation. Qu’a donc découvert Keïna qui pourrait m’être utile ?

(…)

Et Keïna s’éloigne de nouveau, ne laissant encore une fois dans mon esprit que le souvenir d’un timbre haut et flûté, celui de Mab, de la fée dragée, ou de quelque autre fée clochette. Comme une musique de Tchaïkovski, parfois douce et légère, parfois tonnante et grandiose. Mais en tous cas condamnée à ne subsister que dans le souvenir d’une impression… Pourquoi dis-je cela ? Keïna sera toujours à mes côtés, dieu merci, que ferais-je sans son aide ? Que ferai-je sans elle ? »

« J’ai toujours admiré ces écrivains, emprunts de la science balzacienne, capables de saturer l’esprit d’un paysage, de le faire personnage, entité chargée de signification… Quant à moi, je ne saurais décrire avec exactitude le saisissement que produisait cette ombre froide qui m’enveloppait comme un suaire immense – frisson. Un syllogisme prit forme dans mon esprit. Cette ville matérialise ma peur. Or ma peur est engendrée par un manque. Il y a donc un manque dans cette ville. Tommy… Encore et toujours lui. Une seconde : quelque part dans un autre monde il y a New York, et à l’intérieur il y a Tommy. Mais nous sommes ici et maintenant, et Tommy n’est pas là. Deux secondes : parfois il me semble que mes rêves sont encore plus réels que la réalité qui m’environne… Nous avancions dans le noir et le noir s’avançait en nous. « 

Vous l’aurez compris : c’était une oeuvre hybride, chaotique, pleine de « moi ». Typique d’un premier roman… J’y avançais à l’aveuglette, me contentant de développer mon monde, mon univers, au fil de mon inspiration. C’est pour cette raison que je l’ai abandonné. Il fut un moment où mon inspiration ne suffit plus à alimenter l’intrigue, et où je manquai cruellement de rebondissements capables de tenir en haleine un éventuel lecteur. D’ailleurs, des lecteurs, cette ébauche n’en a jamais eu. C’est sans doute mieux comme ça. Vous l’aurez constaté : l’écriture en est passablement indigeste, et je ne veux infliger ça à personne.

Bref, voilà pour cette première expérience. Elle était encore la seule quand j’ai commencé à traîner sur le net, quand j’ai rencontré Isy, quand je suis venue m’installer au Havre, quand j’ai terminé mes études et quand j’ai commencer à traîner dans l’univers des fanfictions, puis des webséries. Entre temps, j’ai aussi adhéré au club Présences d’Esprits, j’ai commencé à faire mes premiers ateliers d’écriture, j’ai écrit et publié des nouvelles, j’ai affiné mon style et même si mon univers restait présent dans mon esprit, évoluant, s’affinant, se complexifiant encore, encore et encore, je ne touchai plus à cette première version, me contentant d’écrire de vagues fanfictions sur le sujet, et de recopier à l’ordinateur toutes les notes que j’avais prises au fil des années. Les années avaient passé, mon écriture avait évolué et je commençais à caresser l’idée de tout recommencer à zéro, partir sur de nouvelles bases.

Après cet essai malheureux, alors que je m’étais installée au Havre depuis peu, j’ai tenté d’autres approches. J’ai écrit un nouveau scenar, tenté quelques débuts. L’un d’eux deviendra d’ailleurs certainement le début de mon deuxième ou troisième tome. Bref, j’ai cogité, tentant de faire correspondre un peu mieux l’histoire qui tournait et retournait dans ma tête depuis toutes ces années à mon nouveau « moi », qui avait grandi, mûri, et s’était entraîné à l’écriture. J’ai trouvé d’autres idées, creusé d’autres directions.

Mes premières fanfictions publiées sur le net, écrites dans l’univers du Royaume Caché, m’ont permis aussi de tester mon univers sur un petit lectorat, à l’époque sur francofanfic. J’ai commencé par une one-shot sur Buffy intitulée Le Royaume Caché : Buffy (un titre assez ringard, je sais), un petit instantané de vie dans le Royaume qui s’attachait à la célèbre Tueuse et à ses impressions dans cet univers particulier. Hélas, je ne peux vous en faire profiter, car elle contient des éléments spoiler par rapport à l’action d‘(Une Silfine). De même pour la fanfiction suivante, ma première fanfic à chapitres, intitulée Le Royaume Caché : Atalante, qui s’attache à l’équipe de Stargate SG1 et est encore plus spoiler puisqu’elle fait carrément référence à des événements de la Guerre des Silfes. De nombreux éléments de cette fanfiction (la seule que j’ai terminée) ont d’ailleurs permis de construire l’intrigue d‘(Une Silfine). En même temps, j’ai commencé, sur demande de mes « fans » de l’époque, une fanfiction Largo Winch, intitulée Le Royaume Caché : Largo (c’est fou comme je suis originale dans mes titres), mais je l’ai interrompue au bout de quelques chapitres. C’est dommage, car j’avais – et j’ai toujours – une trame globale assez bien construite, mais cette fanfic souffrait d’être beaucoup trop mary-suesque. D’ailleurs le personnage principal, Jane (que vous rencontrerez un de ces jours), me pose toujours quelques problèmes à ce sujet. Son caractère un peu trop doux, gentil et bien sous tout rapport la rend intéressante et peu attractive. C’est pourtant un personnage que j’affectionne vraiment, mais il me semble l’avoir déjà dit ici…

Voici pour les fanfictions. Au même moment, isy s’était mis à écrire et publier des parodies de celles-ci (toujours dans l’univers du Royaume Caché), et suite à ça nous avons décidé d’entamer une co-écriture, une websérie burlesque et un peu déjantée nommée Disque-Monde, les Chroniques d’Ankh-Morpork, dans laquelle j’ai exercé mon talent comique si souvent délaissé, mais ceci est une autre histoire.

Revenons-en à nos pingouins (ça fera plaisir à Ozu) (même s’il ne lit pas ça, tant pis).

Toujours dans l’impasse, j’ai pensé alors à situer le début de mon histoire bien plus tôt, durant la fameuse guerre des Silfes que je ne comptais aborder qu’en flash-back. Ce projet-là n’a malheureusement jamais dépassé le stade d’une vague documentation : il s’agissait de raconter la guerre du point de vue de la rébellion, à commencer par Nephir qui devait être le personnage central de ce premier tome. C’est à cette époque que les différents événements de la guerre ont pris place dans une chronologie précise et assez chargée, dont j’ai du mal à me dépatouiller aujourd’hui. ^^ Bref, là encore, j’ai fait chou-blanc, incapable de dépasser le stade du prologue. Et peu à peu, une autre idée s’est fait jour en moi : aborder le récit du point de vue de Keina, qui était encore à l’époque une simple protagoniste parmi d’autres. La première fois que j’étais venue sur un chat, quelques années auparavant, j’avais choisi son nom comme pseudo, car c’était un personnage que j’aimais beaucoup et dont j’étais assez fière du nom que je lui avais trouvé. Vous avez de la chance, j’ai vraiment, vraiment failli prendre Nephir en pseudo, avant d’opter plutôt pour le nom d’un personnage moins sombre ! ^^

Voilà, (Une Silfine) commençait à naître dans mon esprit. C’était au début de l’année 2005, et l’histoire de cette silfine née au moment de la guerre et au destin lié à celui de la Briseuse (qui est la figure centrale de mon cycle) s’est imposée comme une évidence. D’autant que j’adore la Belle _?poque, et qu’écrire quelque chose dans ce contexte me ravissait. Emballée par l’idée, j’ai écrit un scénario, dont je ne suis aujourd’hui que les très grandes lignes, après avoir fait de nombreux ajustements au fil de l’écriture. Un site internet, mon premier, est né juste après. C’était silfine.free.fr, et le nom du site, à l’époque, s’appelait comme le titre de mon roman : La Guerre des Silfes. Puis j’ai changé le titre pour un titre plus sobre : Une Silfine. Comme je ne voulais pas changer toute la bannière du site, j’ai décidé de rajouter ce titre à côté, entre parenthèses. Ce qui donnait : La Guerre des Silfes (Une Silfine). Et comme les parenthèses me plaisaient bien, je les ai rajouté au titre du roman… Eh oui, vous avez là la véritable raison de ces parenthèse ! ^^ Si ça, c’est pas une révélation fracassante…

Pendant un an et des poussières, j’ai écrit, écrit, écrit, informant de mon avancée au fur et à mesure sur mon site (en ajoutant simplement des extraits de temps à autres). Puis est survenu mon premier blocage, au milieu du chapitre 8. Incapable d’écrire davantage, j’ai abandonné le projet pendant de longs mois. Puis, en mai 2007, j’ai réouvert le fichier et relu entièrement ces premiers chapitres. Et sur un quasi coup de tête, j’ai décidé de les rendre disponibles sur internet, dans l’univers des webséries, afin de m’aider à finir le boulot. L’extension à mon site perso (qui avait perdu depuis longtemps sa vocation de vitrine du roman) est née, et la suite, certains d’entre vous la connaissent. Publication sur internet, petit à petit, reprise de l’écriture, arrivée de quelques lecteurs qui m’ont permis de me remotiver et de chercher de nouvelles pistes pour la suite. Et puis mon arrivée dans Werewolf Studios…

Quatre ans. Quatre ans que je porte ce projet en particulier. Alors que j’imaginais la tâche infaisable, petit à petit, je commence à entrevoir l’issue finale. L’intrigue se décante. Les personnages se creusent.

Et pendant ce temps-là, je commence déjà à réfléchir à la suite. Un jour, peut-être, arriverai-je au bout de l’aventure ? Finalement, je ne suis pas si pressée que ça… ^^


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