Cyclotrip vers Jersey – jour 7 à 14
Jour 7 : de Granville à Gorey (Jersey)
Samedi 03 août – 47km
On se lève à 7h pour pouvoir partir à 8h30 au plus tard. Le ferry n’attend pas ! Après un petit-déjeuner léger (petits pains au lait et caramel), on part direction le port. On arrive en avance pour l’enregistrement mais il y a déjà un peu de monde. Tout se passe bien et on récupère nos billets. Il faut maintenant étiqueter les sacoches (on en profite pour prendre quelques photos de la vieille ville de Granville depuis le port), puis passer la douane.
Le beau couteau finlandais de Richard est confisqué, mais la gentille douanière lui assure qu’elle va le confier aux membres de l’équipage et qu’il pourra le retrouver à l’arrivée. Nous nous mettons dans la file d’attente avec les vélos, que nous commençons à décharger de leurs sacoches. Quelqu’un arrive finalement pour prendre les vélos (sans les sacoches), puis vient notre tour de monter dans le bateau. Il a à peine démarré que je commence à avoir le mal de mer. Nous montons sur le pont supérieur (Richard d’abord, qui m’enjoint de le rejoindre). Là-haut, avec le vent de la mer, ça va un peu mieux, et je profite du paysage, et notamment des îles Chausey à côté desquelles nous passons.
Cependant, il commence à pleuvioter et nous nous réfugions à l’intérieur. Je tiens le coup en fixant l’horizon, mais je ne suis pas la seule à être indisposée. Même si la mer est relativement calme, le bateau est petit et nous secoue beaucoup. Finalement, c’est le retour de la personne devant nous, qui exhale un léger parfum de cigarette froide, qui a raison de ma volonté : je rends mon petit déjeuner dans un sac en papier. Nous sommes plusieurs à avoir rendu les armes, alors qu’on commence à apercevoir le port de Saint-Hélier à l’extérieur. Enfin, nous accostons. Je me sens bien mieux maintenant. Nous retrouvons nos vélos, ainsi que le couteau de Richard. Il pleut franchement sur Jersey. Nous avançons dans la gare maritime pour rééquiper nos vélos. Nous ne sommes pas les seuls. Enfin, nous démarrons en faisant attention à rouler à gauche. Réflexe difficile à suivre à chaque fois ! Direction : plein ouest pour faire un petit tour de l’île. Il va aussi falloir que nous trouvions un supermarché pour acheter un adaptateur de prise électrique, car c’est quelque chose que nous avons totalement zappé (alors que nous en avons plusieurs à la maison). Et j’en ai absolument besoin pour ma batterie de Brompton… Nous longeons d’abord une belle plage. Le temps se dégage un peu. J’essaie d’économiser un peu la batterie en roulant moteur éteint.
À Saint-Aubin, nous bifurquons vers l’intérieur des terres, sur un joli chemin, malheureusement gravillonné. Avec la pluie qui s’est remise à tomber, comme d’habitude, ça colle aux roues, et je suis obligée de surveiller que ça n’encombre pas mon garde-boue arrière… En plus, le chemin est un faux plat montant. Nous nous arrêtons à un carrefour, au bord duquel un petit restaurant propose des brunchs. Je prends des pancakes salés et Richard un petit déjeuner complet, avec bacon, saucisses et œufs (notre végétarisme en prend un coup).
En repartant, Richard repère un supermarché Waitrose dans la ville juste à côté. Après avoir tenter notre chance dans une supérette plus proche, il trouve finalement notre bonheur dans le supermarché et achète deux adaptateurs. Il nous trouve ensuite un raccourci pour reprendre la voie verte un peu plus loin, et nous revoilà partis sur le chemin. C’est étrange, alors que jusqu’à présent ça montait légèrement, ça descend maintenant, et tiens, ce canal sur notre droite me dit quelque chose… et, ah, mais ces maisons, là, ce ne sont pas celles de Saint-Aubin ? Il a donc fallu toute la descente pour nous rendre compte que nous avions repris la voie verte… dans l’autre sens et que nous étions à notre point de départ. Ah ah. Demi-tour donc, nous n’avons pas dit notre dernier mot ! Nous repartons sur le faux-plat montant, repassons devant le petit restaurant où nous avons mangé, et arrivons enfin sur la jolie pointe, à l’ouest, qui signale la fin de la voie verte.
Nous en faisons le tour, la vue est jolie, et les grosses baraques impressionnantes.
Nous longeons la plage avant de bifurquer à nouveau vers l’intérieur de l’île, dans les landes. Changement de plan : il se fait tard, et nous n’allons pas faire le tour de l’île mais rentrer par l’intérieur, ce qui fait déjà un sacré bout, sachant que notre hébergement, l’auberge de jeunesse, se trouve de l’autre côté, à l’est ! Ça commence à grimper dur, tandis que la bruine se change carrément en averse. Nous suivons la véloroute qui traverse l’île et passe par de jolies petites routes, très étroites, et parfois très grimpantes ! Nous nous arrêtons faire une pause à une jolie église, presque au centre de l’île, alors qu’il s’est arrêté de pleuvoir.
Le temps de manger un truc, et c’est reparti. La pluie se remet à tomber, de plus en plus fort. Heureusement que nous avons des vêtements de pluie, mais ça ne nous empêche pas d’être bien humides. Nous arrivons à l’auberge vers 18h heure locale (eh oui, nous avons changé d’heure !).
La chambre est tout confort, avec un lit double et une salle de bain attenante (nous découvrirons après que le voyant vert qui signale l’alarme incendie, au-dessus de notre lit, est loin d’être un « simple désagrément » signalé par la fille de l’accueil et éclaire la nuit quasi comme en plein jour…). Nous faisons une petite pause avant de repartir à pied vers le village de Gorey, juste en bas de l’AJ, pour se poser dans un pub. À nous, l’ambiance so british que nous adorons ! Nous nous posons dans le seul pub du village, le Dolphin, qui n’a pas vraiment de devanture typique. Nous sommes un peu déçus, mais nous sirotons quand même notre craft beer and cider en terrasse, face au château illuminé. Il a cessé de pleuvoir et la soirée est douce. Ensuite, nous rentrons dans la partie restaurant pour manger. À l’intérieur, il y a un groupe qui répète pour jouer le soir : déjà, l’ambiance se prête plus à notre humeur. Je commande des scampis&chips et Richard un fish&chips, et des huîtres de Jersey en entrée. Pas de doute : entre les toilettes immenses et les petits pois fluos qui figurent les légumes dans notre assiette, nous sommes chez les grands-bretons !
Nous retournons de nuit, après avoir admiré les illuminations du château et de la baie.
Jour 8 : Jersey à pied
Dimanche 04 août – 12 km à pied
Après un petit déjeuner à l’AJ à 8h heure anglaise, nous décidons de laisser là les vélos pour la journée et de partir découvrir les environs à pied. Il fait beau, pas trop chaud, impeccable. Nous allons d’abord vers un beau dolmen à deux pas de l’AJ.
À l’entrée, il y a les restes encore frais d’un rat à moitié dévoré par une bête sauvage (seule la moitié inférieure est encore visible). Ça met tout de suite dans l’ambiance… Puis nous partons vers une tour qui domine la baie. Malheureusement, on ne voit pas grand-chose à cause des arbres qui ont poussés autour. On fait quand même un petit tour dans les landes qui l’entourent.
Nous descendons ensuite vers le port pour visiter le château. Il est un peu cher, mais quitte à faire quelque chose aujourd’hui… Et puis, une fois à l’intérieur, on se rend compte qu’il vaut vraiment le coup. Il est très grand, et il n’y a pas encore beaucoup de monde. Que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur, les escaliers et les espaces sont nombreux et labyrinthiques.
Dans certains coins, des œuvres d’art contemporain, en lien avec l’histoire du château, offrent un contrepoint parfait aux ruines et à la verdure.
Dans la boutique du château, je m’offre un petit souvenir, une mignonne petite souris en feutrine, costumée en suffragette. En ressortant, au bout d’une bonne heure, nous descendons sur une petite crique abritée remarquée de là-haut, avec une plage de galet. Le chemin pour y accéder est petit et difficile, mais il y a quand même un peu de monde quand on y arrive.
Nous marquons une petite pause, mais il est temps d’aller chercher à manger. Nous remontons et passons le port pour longer la grande plage de sable fin à l’ouest du village. Nous finissons par manger des sandwichs chauds, les pieds dans le sable, avec deux limonades maisons, servis par une gargote en bord de plage. Nous continuons ensuite directement sur la plage, pieds nus dans le sable, avant de se trouver un petit spot pour bouquiner. Pas de baignade cependant, même si on avait pris les maillots de bain : la mer est basse, et tellement loin qu’il faut marcher des kilomètres pour pouvoir mettre un pied dans l’eau.
Nous repartons ensuite pour remonter au niveau d’une autre tour (il y en a tout le long de la côte de Jersey). Nous revenons par l’intérieur, non sans s’être d’abord posés dans un pub cette fois assez typique (le Pembroke pub) pour boire deux pintes de bière. La route est longue pour le retour, il fait chaud, et, malheureusement, le petit camion de glace qu’on avait repéré à l’aller est pris d’assaut et nous renonçons à faire la queue. Pas de glace au bon lait des vaches jersiaises pour nous ! Après être rentrés à l’AJ, nous allons inspecter les vélos : catastrophe, le mien a la roue avant dégonflée. Au revoir petite pause bouquinage à l’ombre des grands arbres du parc de l’AJ, il faut s’occuper de ça de toute urgence. Heureusement, la roue avant est assez facile à défaire, et je trouve bien vite le coupable : un petit caillou s’est infiltré dans la fissure de la roue avant provoqué par les silex de la véloroute du lin et a provoqué une crevaison lente. Richard met une chambre à air neuve et répare la vieille, au cas où.
Comme d’habitude après une crevaison, j’angoisse un peu. Le lendemain, nous avons 10 km à faire pour aller à Saint Hélier où le ferry nous attend (ou plutôt, où il ne nous attendra pas), et il ne faudrait pas qu’il y ait une nouvelle crevaison en cours de route. Heureusement que nous avons vu celle-ci aujourd’hui ! Après avoir quand même profité de la fin d’après-midi pour bouquiner un peu, nous nous rendons le soir à l’indien que nous avions repéré sur le chemin du port. Il est très chic, les plats sont bons, mais il ne propose pas de desserts, ce que nous trouvons un peu étrange. Nous rentrons vite pour aller dormir, car demain, levé tôt !
Jour 9 : de Gorey à Saint-Malo
Lundi 05 août – 20 km
On se lève à 6 h heure locale. Pas de petit-déjeuner à cette heure-ci, nous démarrons assez vite. Mon pneu est toujours bien gonflé, ouf. Nous partons à la fraîche sur les petites routes, après avoir rempli les gourdes de Holy energy et mangé une barre de céréale pour tenir le coup. Le petit-déjeuner se fera sur le ferry, quand on y sera. Tout se passe miraculeusement bien, le temps est beau, il n’y a ni crevaison, ni accident, et nous arrivons très en avance à l’embarquement.
Nous passons l’enregistrement et allons poser les vélos à côté des voitures qui attendent pour embarquer.
Cette fois, c’est un gros ferry, et pas mal de voitures attendent déjà pour embarquer. Il y a aussi d’autres vélos qui arrivent. Richard va dans la gare maritime et nous dégotte des barres de chocolat à grignoter. Nous discutons un peu avec un cycliste d’un certain âge, un canadien à la retraite, installé à Jersey, qui fait régulièrement des excursions à vélo, avec sa petite tente, sur les côtes françaises. Il profite de nous pour commencer à exercer son français. C’est un cycliste chevronné : il a fait du vélo sur quasi tous les continents (même en Afrique puisqu’il a fait 20 km au Maroc, du port jusque l’hôtel, nous dit-il !), il ne lui manque que l’Antarctique et l’Amérique du Sud. Il est l’heure d’embarquer : nous montons avant les voitures, et posons les vélos sur un côté du ferry, sacoches accrochées. Cette fois, nous prenons le temps de garder avec nous nos liseuses, un peu d’argent, de quoi boire… Nous montons quasiment en premier dans les espaces de détente. C’est un gros ferry cette fois : les sièges sont cosy, il y a plusieurs bars et un petit espace duty free. Par contre, pas de pont supérieur à l’air libre, mais des grandes baies vitrées pour profiter du paysage, et un petit espace extérieur à l’arrière du bateau. Nous nous installons au premier rang pour profiter du paysage et Richard va chercher deux petits déjeuners : thé et viennoiseries. Le bateau démarre en douceur et bientôt nous voguons en direction de Saint-Malo. Pas de mal de mer cette fois, la mer est calme et le ferry est très stable. Nous voyons un dauphin, au loin ! Je vais faire un tour dans la boutique et achète un paquet de Maltesers. Nous lisons un peu, et au bout d’une heure et des poussières le ferry arrive en vue des côtes françaises. Nous commençons à voir les côtes françaises, et bientôt, Saint-Malo apparaît, de plus en plus proche.
Mais le ferry finit par s’arrêter : en effet, il y a un Brittany ferry à la place où nous devons accoster. Il n’est pas encore parti car il y a une urgence médicale à bord. Nous devons donc attendre que ce soit résolu pour prendre sa place. Ça ne prend pas trop de temps, heureusement, et le Brittany ferry finit par s’éloigner. Les vélos sortent parmi les premiers, avant les voitures, et une fois la douane passée, en route pour l’auberge de jeunesse de Saint-Malo ! Nous y arrivons vers midi pour déposer nos affaires, même si nous ne pouvons pas encore avoir la chambre. Les vélos allégés, nous repartons vers le centre-ville, où nous attachons bien nos vélos le long des remparts pour découvrir la ville intra-muros à pied.
Nous partons en quête d’un endroit où manger. Heureusement, il reste de la place dans une petite crêperie où nous mangeons bien, et plutôt rapidement. Puis, nous grimpons sur les remparts. Il y a un peu de monde, et il fait chaud !
On fait le tour des remparts avant de redescendre pour aller à pied sur l’une des petites îles. Nous choisissons celle avec le fort dessus : grossière erreur, car sur celle en face il y a la tombe de Chateaubriand que j’aurais aimé voir. Tant pis, nous en avons déjà plein les pattes, nous en devinons juste les contours de loin.
Il est près de 16h. Nous récupérons les vélos pour revenir à l’AJ nous poser dans notre chambre. Après avoir rangé nos affaires, direction la plage qui est juste derrière, maillots enfilés ! Nous profitons de la mer un bon moment avant de rentrer nous reposer. Le soir, nous partons à pied en quête d’un restaurant. Les premiers sont complets, mais nous atterrissons dans un restaurant d’hôtel, en bord de mer, pas très très loin et très très bon. Il est chic, mais la cuisine est vraiment raffinée et en sortant nous sommes repus. Nous sortons côté mer pour longer celle-ci, qui est très haute maintenant. La plage où nous étions tout à l’heure a complètement disparue !
Le retour à l’AJ est paisible.
Jour 10 : de Saint-Malo à Pontorson
Mardi 06 août – 59 km
Nous partons le matin sous le soleil. La première partie, sur les routes de campagnes (oui oui, toujours celles-ci) nous font faire des efforts, encore (en plus, ça rime). Ça se calme lorsqu’on arrive le long de la côte. Nous nous arrêtons à une boulangerie pour manger deux viennoiseries, puis nous longeons la mer et les parcs à huîtres.
Vers midi, le temps commence à changer. Nous nous arrêtons à Vivier-sur-Mer pour manger des fruits de mer à l’abri d’une petite bicoque de producteur le long du parc, alors qu’une petite bruine commence à tomber. Ce seront des huîtres de Cancale pour Richard, et des moules (sans frites) pour moi. Sauf que la serveuse n’a pas entendu ma commande et j’attends en vain mes moules tandis que Richard se régale. Je me console sur le pichet de muscadet. Finalement, je refais la commande, la serveuse s’excuse et j’avale mes moules un peu trop vite. Après avoir quand même pris un dessert, nous repartons, sous la pluie. Heureusement nous avons l’équipement complet : pantalon de pluie, veste, sur-gants… Le chemin le long de la mer est joli, mais un peu collant avec la pluie.
On croise des moutons de prés salés, puis une petite chapelle dans laquelle se tient une exposition d’art. La chapelle étant vraiment isolée, chapeau aux deux artistes qui gardent l’exposition.
Nous continuons ensuite sur la voie verte, qui s’éloigne de la mer. Il pleut toujours, et les nuages sont tellement bas qu’on ne distingue même plus le Mont-Saint-Michel, pourtant tout proche. La lassitude commence à s’installer, nous avons hâte d’arriver. Enfin, vers 16h15, nous entrons dans Pontorson. Quelques minutes plus tard, nous voilà à notre hébergement : une charmante roulotte aménagée, toute colorée, posée dans un coin de verdure, proche du Couësnon. Dommage qu’il pleuve autant, l’endroit est charmant !
Après nous être installés et avoir commandé un petit déjeuner à notre hôte pour le lendemain, nous décidons de repartir immédiatement à Pontorson pour prendre de quoi manger tranquillement dans la roulotte pour le soir. Seul désagrément de la roulotte : son toit très bas, qui force Richard à circuler penché, ou à s’asseoir sur l’une des chaises un peu branlantes.
Nous rentrons de Pontorson, toujours sous la pluie, avec du riz à la poêle, deux steaks végés, deux bières, une bouteille de poiré, du chocolat, de la crème de marrons, des fraises et des chips de sarrasin. On s’installe alors qu’il s’arrête enfin de pleuvoir. Nous en profitons pour explorer les environs, admirer les oies, canards, poules d’eau et autres poules qui vivent dans un enclos en face de notre roulotte. Nous apercevons aussi furtivement ce que je prends pour une loutre, dans la rivière, mais qui est en fait un rat musqué, nous apprendra notre hôte le lendemain.
Richard arrive en voir d’autres tandis que je discute avec les poules et les canards. Nous prenons une bonne douche bien chaude et bien réconfortante dans l’espace sanitaire, un peu après l’enclos, qui comprends aussi des toilettes sèches. Après un bon repas, nous nous installons dans l’espace couchette, qui est beaucoup plus large qu’on pourrait s’y attendre ! Seul inconvénient : je dois passer par-dessus Richard pour sortir, et faire attention de ne pas me casser la figure en descendant du lit, un peu haut. La sortie pipi, dans la nuit, entre l’enclos et la rivière, est toute une aventure. J’entends aussi des rapaces nocturnes, qui hululent tout près. Malgré ça, la nuit se passe paisiblement.
Jour 11 : de Pontorson à Avranches
Mercredi 07 août – 41,2 km
Après un bon petit déjeuner dans la roulotte, puis avoir dit au revoir aux poules et aux canards, on s’en va sous le soleil.
Nous longeons le Couësnon, c’est agréable. Petit à petit, il y a de plus en plus de monde sur la voie verte : on s’approche du Mont-Saint-Michel ! Bientôt, nous arrivons sur la digue qui amène au pied de celui-ci. Les touristes s’amassent, bien qu’il soit encore tôt.
À vélo, nous filons sur la digue, doublant tout le monde. Cependant, une fois au pied, nous constatons que nous ne sommes pas seuls à vélo : trouver une place pour les attacher est un challenge. Nous nous arrangeons pour les attacher le long d’une grille, les sacoches planquées et attachées également derrière la grille. Puis nous nous dirigeons vers l’abbaye : mauvaise idée. Le chemin est d’abord facile, et assez agréable, et bientôt, les gens se pressent, et nous n’avançons plus, c’est l’embouteillage.
Nous comprenons alors qu’il s’agit de la queue pour entrer dans l’abbaye, et après avoir pris quelques photos, nous faisons demi-tour laborieusement pour couper ensuite par un petit escalier qui nous permet d’échapper momentanément à la foule. Nous passons à côté du cimetière, puis du musée historique, avant de revenir sur la rue des commerces, sur laquelle il y a vraiment, vraiment beaucoup de monde. Nous la remontons doucement, en passant parfois par une boutique, jusqu’à accéder aux remparts. Là encore, c’est l’embouteillage.
Nous essayons tant bien que mal de redescendre par les remparts, et jusqu’à la grande porte, c’est compliqué. Finalement, nous soufflons de soulagement en retrouvant l’extérieur. Mais le monde qui arrive de la digue, c’est… proprement effrayant. Nous avons quand même acheté un petit souvenir dans l’une des boutiques : un petit crâne en plâtre avec un petit rat dessus. Sans doute du made in china, mais ça rejoindra notre petite collection de crânes. Nos vélos sont enfouis sous une montagne d’autres vélos, il y a à peine la place de les récupérer.
Nous arrivons tout de même à les extirper de là, avec les sacoches. Au moins, il y avait peu de chance qu’on nous vole quelque chose… Nous repartons en sens inverse de la foule qui s’avance sur la digue. Il est plus de midi, et nous avons hâte de trouver un endroit tranquille où manger. Nous nous arrêtons finalement à Beauvoir et à la petite crêperie/salon de thé/boutique de souvenir en contrebas de la voie verte, pour deux petites crêpes et un peu de cidre. Alors que nous faisons la queue pour les toilettes, dans la boutique de souvenirs, le propriétaire nous vante les mérites des boules à neige, en verre, fabrication française ! Un peu lourd pour nos sacoches, murmurons-nous avant de nous esquiver… Nous reprenons la vélomaritime/véloscénie, direction : Avranches ! Nous longeons la baie du Mont-Saint-Michel, avec une vue imprenable sur le mont. Comment croire, de loin, qu’il y a autant de monde dessus ?
Alors que nous longeons les prés salés et contemplons les moutons, je sens que ma roue avant se ramollit. Bingo : j’ai encore crevé. Toujours le même trou dans le pneu, et un autre petit gravillon qui vient de cette saleté de revêtement stabilisé qu’ils mettent partout sur les voies vertes. Hop hop hop, nous sommes rodés maintenant, je repère la crevaison sur la chambre à air pendant que Richard remet la précédente (réparée), puis il répare celle-ci et nous remontons la roue.
Il a aussi tenté un truc : mettre une rustine à l’intérieur du pneu pour protéger un peu la chambre à air. Espérons que ça marche… C’est donc reparti, et nous roulons bien. Je fais quand même attention à ne pas trop rouler dans les plus gros gravillons. Nous bifurquons pour border la Sélune, avant de tourner à nouveau vers Avranches, que nous distinguons au loin.
Forcément, ça grimpe sur le final, puisqu’Avranches se trouve sur une butte. Nous arrivons quand même avant 17h à notre chambre d’hôte, une charmante propriété à flanc de colline, non loin du centre-ville mais suffisamment éloignée pour donner l’impression d’être à la campagne. Il y a même un poney !
Nous entendons quand même le bourdonnement lointain mais incessant de l’autoroute, loin en dessous. Ça doit être pénible pour les habitants… Après une bonne douche et quelques conseils de nos hôtes pour manger le soir, nous nous ressortons en quête d’un restaurant. Le plus proche est fermé, mais en arrivant en centre-ville nous trouvons un italien, près du cinéma, qui semble très bien. Je prends un fish&chips et Richard des tagliatelles au fromage. Nous rentrons vite après ça, car nous sommes éreintés. Le poney des propriétaires nous dit bonsoir.
Jour 12 : d’Avranches à Granville
Jeudi 08 août – 42 km
Après le petit déjeuner, nous discutons un peu avec les hôtes avant de repartir. Nous descendons vers la baie pour la longer. Bientôt, nous arrivons en vue de la mer, et du Mont-Saint-Michel que nous avons déjà beaucoup vu ces derniers jours. Nous roulons sur la véloroute de la baie, inconnue au bataillon (la véloroute hein, pas la baie). Mais c’est plutôt agréable. Nous nous arrêtons au niveau d’un joli point de vue, une petite pointe qui donne sur la baie. Là, un foodtruck vend des boissons et des cookies bio. Le vendeur nous fait son speech avec un fort accent anglais. Il est marrant, on sent qu’il aime discuter, et faire des petites blagues à ses clients. Nous savourons deux cafés et deux cookies avant de repartir.
Puis, nous traversons Genets, un joli village avec un vieux moulin où nous nous arrêtons pour quelques photos. Là encore, un vieux monsieur nous alpague pour nous raconter l’histoire du moulin, les problèmes d’ensablement des cours d’eau et les grandes marées.
Il nous parle aussi des souterrains qui sont censés courir du Mont-Saint-Michel jusqu’aux différents moulins de la baie, qui appartenaient aux moines. Légende ou réalité ? Juste après avoir redémarré, nous trouvons dans le village un super spot de pique-nique. Il y a une boulangerie, mais elle est fermée. Cependant, un foodtruck de crêpe (encore) s’est installé à côté. Nous nous installons sur une table de pique-nique à l’ombre et patientons un peu en bouquinant avant d’aller commander. Les cookies sont encore en train d’être digérés… Enfin, nous commandons deux galettes végé, une limeuhnade et un jus de pomme-framboise bio. En dessert, évidemment, deux crêpes au caramel.
Nous repartons enfin en longeant toujours la baie. Nous arrivons dans les dunes : là, un autre point d’intérêt, sur notre gauche, nous amène au point de départ des groupes qui traversent la baie à pied jusqu’au Mont-Saint-Michel. Comme la marée est tout juste basse, ils sont nombreux à démarrer, les uns après les autres.
Nous continuons sur les petites routes, et ça commence à grimper. Richard veut nous faire couper la grosse route passante par un chemin ombragé. C’est sympa, mais c’est un chemin de randonnée pédestre, fortement caillouteux, et je n’arrive tout simplement pas à rouler dessus. Je fais donc le petit kilomètre à pied, en poussant le vélo. Nous arrivons à un village avec une jolie église, où je m’arrête pour prévenir l’hôtesse du soir de notre horaire d’arrivée. Puis nous redescendons sur les bords de mer. Granville n’est plus très loin. Le début du chemin, en bord de plage, est très ensablé. Heureusement, nous découvrons que, sur la grande route, une belle bi-dir toute neuve nous permet de rouler en toute sécurité. Nous filons dessus ! Après une belle côte, et un beau point de vue sur Granville et la mer (ça y est, le Mont-Saint-Michel est hors de vue, caché par la pointe), nous arrivons sur Granville. La trace de Richard, sur son gps, nous amène un peu trop loin, dans le centre-ville. Demi-tour, et il faut regrimper une rue très pentue. Heureusement, nous trouvons la bonne rue un peu plus loin et nous arrivons à notre airbnb pour les deux prochains jours. La cousine de notre hôtesse, indisponible, nous accueille et bavarde un peu avec nous. Après la douche, nous partons faire quelques emplettes pour le petit déjeuner. Ensuite, direction le centre-ville pour trouver un restaurant. Nous finissons sur le port, où nous prenons deux pintes de bière locale, un pichet de pouilly-fumé, et deux plats de poissons plutôt bons, ainsi que des huîtres (encore) mais de Chausey cette fois-ci.
Honnêtement, je ne vois aucune différence entre les différentes locations d’huîtres. Nous revenons le soir par des escaliers plutôt pentus, difficile à gravir quand on a bien mangé et bien bu…
Jour 13 : Granville à pied
Vendredi 09 août – kilométrage inconnu
Aujourd’hui, dernier jour de notre périple. La matinée est grincheuse et on prend notre temps. Nous partons finalement découvrir la vieille ville à pied. Nous commençons le tour de la pointe avant de grimper jusqu’au musée-cabinet de curiosités. Il commence par la collection de coléoptères, assez foisonnante.
Ensuite, l’aquarium n’est pas ce qu’on préfère. Voir des poissons végéter dans un endroit minuscule a quelque chose de déprimant. Mais après ça, la partie sculptures et installations à base de minéraux, puis de coquillages est assez fascinante.
Nous sortons du musée mi-figue mi-raison. Nous nous dirigeons ensuite vers la pointe et nous descendons sur le sentier des douaniers pour en finir le tour. Il y a du vent, et les vagues se brisent contre les rochers en contrebas.
Puis, après avoir contourné le phare et les bunkers, nous remontons vers l’église. À l’intérieur, se déroule une conférence sur Huysmans. Petit rappel de mes années de fac… On descend par les petites rues pour se trouver à manger, et après avoir arpenté à nouveau le port, nous finissons tout au bout, dans un petit resto sympa qui propose des moules de Chausey/frites, que nous dégustons avec deux mojitos normands.
Nous repartons tranquillement, après avoir fait un détour par une petite boutique de souvenirs locaux, où je craque sur des boucles d’oreille, et Richard sur un porte-clé à attacher à l’une de ses sacoches. Nous remontons vers la vieille ville pour descendre par la rue aux Juifs, réputée pour ses galeries. Là, on tombe en arrêt devant la devanture d’une galerie, la galerie de l’Os. Une collection de petits crânes en résine, agrémentés d’os et de perles à la façon d’une statuette vaudou, nous fait clairement de l’œil.
C’est grand, cependant, est-ce qu’on pourrait transporter ça dans le train, avec nos vélos et nos sacoches ? Tout à notre réflexion, nous entrons dans la boutique. Là, il y a d’autres merveilles, et notamment une piéta momifiée grandeur nature, absolument incroyable. Dans la vitrine, un diorama représentant une table de dissection faut aussi de l’œil à Richard. L’artiste, Blaise Lacolley, ne tarde pas à venir, et on discute avec lui. Notre choix est fait : nous allons lui prendre l’un des crânes, le moins fragile, et il l’enveloppe soigneusement dans un grand carton tandis que Richard va prendre du liquide pour pouvoir le payer. C’est encombrant, et on transpire déjà à l’idée de le transporter en sécurité, mais ça en vaut la peine.
Le colis sous le bras, nous repartons vers le casino et la plage. Il fait maintenant très beau, et il y a beaucoup de monde à la mer. Nous longeons la plage avant de remonter par des escaliers qui mènent aux jardins du musée Christian Dior. Il y a beaucoup de monde là aussi, les gens font la queue pour le musée. On s’assoie sur un banc à l’ombre, et repartons avec dans l’idée de rentrer. Nous avons soif et notre souvenir est encombrant. Nous redescendons pour remonter à la location et bouquiner tranquillement sur la terrasse. Le soir, nous descendons vers le port pour nous arrêter à une guinguette repérée la veille. Il fait beau, l’ambiance est sympa. On s’installe sur des tables à l’ombre et on prend tous les tartinables sans viande qu’ils ont. Richard se prend une bière et moi un petit cocktail que je sirote toute la soirée. Ensuite, en rentrant par les petites rues piétonnes, nous tombons sur un glacier ouvert. Hop, ça fera notre dessert ! Nous entrons à l’intérieur pour déguster deux coupes glacées, les dernières de notre voyage ! Demain, c’est le retour. Nous retournons dans notre location pour une bonne nuit de sommeil.
Jour 14 : de Granville au Havre
Samedi 10 août – train + car
Le lendemain, nous nous levons assez tôt pour prendre le train. Après une dernière discussion avec notre hôtesse, nous partons vers la gare. Richard a réussi à caser le crâne dans l’une des sacoches en se réorganisant. Dans la gare, nous attendons. Le train vient de Rennes. En le voyant arriver, nous avons un instant de panique : les vélos s’entassent dans la rame. Mais deux employés SNCF sont là pour aider spécialement les cyclotouristes, sur le modèle de ce qu’il se fait pour la Loire à vélo : une partie du wagon a été aménagée (certes de façon un peu cheap) pour accueillir plus de vélos. Quelques vélos descendent, et nous montons. Je replie mon Brompton pour qu’il prenne moins de place et Richard confie son Genesis et ses sacoches aux employés. Puis, nous trouvons un carré où nous installer. Le train est arrêté pour une petite demi-heure en gare de Granville, ça laisse le temps de s’installer. Enfin, nous partons pour Caen, le terminus. Nous revoyons Coutances depuis le train, puis Saint-Lo, Bayeux, et enfin, un peu avant midi, nous arrivons à Caen. Là, c’est le bazar pour décharger tous les vélos. Je récupère mon Brompton et Richard son Genesis, après avoir aidé un peu les employés à dégager les autres vélos. Il faut encore patienter pour grimper dans l’ascenseur, qui est minuscule… Pressés par le temps (notre car est dans une demi-heure), nous finissons par descendre les escaliers avec les vélos, maladroitement. Heureusement, une fois en bas, il y a moins de monde pour l’ascenseur qui remonte, et nous arrivons à remonter chacun à notre tour. Ensuite, nous repérons le quai du car, et je pars en quête d’un truc à manger. Je fais la queue pour prendre deux paninis. En revenant, je vois que le car est déjà arrivé et que Richard s’échine à accrocher nos vélos, aidé par notre chauffeur et un autre. Puis il faut encore prendre nos places : le chauffeur nous indique d’aller à la boutique, où il y a la queue. J’arrive finalement, un peu en stress, à les prendre sur l’application de la région Normandie. Les vélos arrimés, les sacoches en soute, les deux paninis avalés à toute vitesse sur le quai et les places prises, nous pouvons enfin monter dans le bus et souffler. Dernière étape ! Le car roule bien sur l’autoroute, jusqu’au pont de Normandie. Là, c’est l’embouteillage. Nous perdons une grosse demi-heure mais, enfin, nous arrivons en vue du Havre. Quelques places devant nous, un homme est malade. Arrivés sur le quai au Havre, il y a du monde qui attend. Nous plaignons le chauffeur qui va devoir refaire la route en sens inverse. Je récupère tant bien que mal, dans la cohue, nos sacoches alors que des gens essaient déjà de mettre les leurs en soute pour assurer leur place. Comme il n’y a pas de réservations dans ces cars, c’est la bagarre pour arriver à monter avant qu’il ne soit complet… Heureusement que nous n’avions pas eu ce souci au départ du Havre. Pendant ce temps, Richard a décroché nos vélos et aide maintenant une famille à installer les leurs sur le rack, le chauffeur étant débordé. Puis, nous laissons derrière nous la cohue pour rentrer chez nous.
Fin des vacances !
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