Ouf, ça fait du bien. Recommencer à zéro, avoir un nouvel emploi du temps, de nouveaux cours, ne plus stresser à cause des DS.  M’enfin, il n’y a pas lieu de stresser, mes notes sont désespérement bonnes. J’attends toujours la douche froide avec appréhension. Elle viendra, j’en suis persuadée.


Donc, hier, j’ai dessiné. Aujourd’hui, j’ai écrit.
Les résultats sont une petite fée en noir et blanc qui n’attend que la couleur :


Et un passage du début des Chimères d’Atalaya retravaillé de fond en comble, afin de coller avec la suite que j’ai en tête et qu’il me tarde d’écrire. Voici :
« Accroupie sur le sol, Lottie passa une main dans ses longues mèches blondes. Non… Ça n’avait pas de sens ! Elle releva ses yeux bleus et les planta dans le regard térébrant de son vis-à-vis.
— Pourquoi me dites-vous ça ? souffla-t-elle. Pourquoi moi ? Et quel rapport avec… ?
La femme se gratta la tête et haussa les épaules sans conviction, l’attention portée ailleurs. Lottie se mordit une lèvre. « Voyons, tu ne vas pas prêter foi aux dires d’une vieille folle ? » lui hurlait son esprit.
Pourtant…
— Ah, Lo, tu es là ! clama une voix à l’entrée de la chambre. J’avais bien entendu ta voix !
Tibal apparut sur le seuil, Kori à sa suite.
— Lo ?
Pourtant, pourtant, pourtant…
Lottie Baka leva sa jolie petite frimousse rose et considéra les deux garçons qui lui faisaient face. Elle déglutit.
— Salut ! Je vous présente Clé.
Geste vague vers la timide présence au fond de la pièce. Les visages se tournèrent, perplexes. Un temps. Puis, le ton calme :
— Vous devriez écouter ce qu’elle a à nous dire.

*

Silence.
Clé observa un à un chacun des visages. Qui étaient ces jeunes gens ? Elle n’en savait rien. Elle s’en moquait. La Renarde lui avait demandé de leur transmettre l’information. La Renarde lui avait spécifié que c’était urgent. Elle ne devait pas la décevoir. La Renarde connaissait la Pensée.
La Renarde conversait avec Ata.
Elle prit la parole, doucement d’abord.
— La Pensée… Je l’ai sentie. Elle n’était… Elle n’était pas comme les autres… C’était un flux constant, très faible. Je crois qu’il venait du Bas. De tout en Bas…
— Quelle pensée ? coupa le garçon aux cheveux noirs, assis en tailleur contre le mur brun. Lottie, c’est ridicule, voyons ! Cette femme est folle, comme les autres !
Clé secoua la tête, quelques rides sur le front. Une évidence :
— La Pensée bête, celle qui rend la Tour malade !
— Une pensée ? Vous arrivez à lire les pensées d’Atalaya ? Mais… comment ? murmura le deuxième, le blond, celui dont les traits francs et sincères lui inspiraient une confiance sans retenue.
— Je sais pas, reprit-elle sur le ton de la confidence. J’y arrive, c’est tout. Je pose mes mains contre le mur et ça frétille dans mes doigts, et puis ensuite, dans mon esprit. C’est agréable. Mais il y a cette Pensée. Vous comprenez ? Tout en bas, il y en a un qui pense, et ce qu’il pense, ça rend la Tour malade. Ou bien peut-être le contraire… En tout cas, c’est pas intelligent. Ça vient du Bas et c’est pas intelligent… Alors la Renarde m’a dit de vous le dire…
— La Renarde ?
La question avait été posée simultanément par les trois adolescents. Absorbée par son raisonnement, Clé l’ignora.
— Elle m’a dit : « Prends des gens avec toi, prends les adolescents qui viendront ici. Tu peux suivre la Pensée, Clélia Kagi. Suis-là jusqu’à son origine. Avec leur aide, suis-là jusqu’en bas. Pour comprendre. Pour voir ce qui cloche. » Voilà ce qu’elle m’a dit.
Un silence –  réflexion. Puis, posément. :
— Moi, j’obéis.
L’éclat de rire soudain rebondit contre les parois de la cellule et se perdit dans les couloirs de l’étage. Quelques secondes plus tard, Kori Manasa ravala son hilarité et contempla la petite assemblée.
— C’est de la pure folie ! Allons ! On ne va pas croire cette vieille folle, hein ? Elle divague complètement ! Que peut-on attendre de plus d’une non-pensante de l’étage cinq ? Ce qu’elle raconte n’a aucun sens…
Clé leva le nez. Ce petit Boucles Noires qui l’observait avec suspicion, il était intelligent. Vraiment très intelligent. En l’écoutant, les échos d’une vie passée remontèrent à la surface de son esprit. D’un froncement de nez, elle les chassa au plus profond de son être. Elle ne devait pas leur en parler.
Non, pas tout de suite.
Lottie fit une moue, les jambes ramenées contre son torse. Comme toujours, Kori avait raison. Comment avait-elle pu un instant songer que… ?
Sine…
— Je… elle m’a dit quelque chose à propos de ma sœur… (Un tremblement au fond de la gorge. La voix se brisa, vaincue.) Non. Vous avez raison. Je suis idiote.
Tibal et Kori s’étaient déjà levés. Il était temps de repartir.
Clé les observa quitter sa cellule sans souffler mot. Après tout, la Renarde, elle, saurait les convaincre. »


0 commentaire

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.